* Un rapport d'activité adopté à 83,36%

* Des militants réclament davantage de résultats

* Le dirigeant de la CFDT invite à la patience

PARIS, 6 juin (Reuters) - Les militants de la CFDT ont voté massivement mercredi en faveur du rapport d'activité de Laurent Berger, preuve du soutien qu'ils lui accordent malgré les critiques de certains sur sa capacité à peser face au gouvernement.

Réunis à l'occasion du 49e congrès confédéral qui se tient de lundi à vendredi à Rennes, ils ont adopté à 83,36% le rapport pour les quatre dernières années du mandat du secrétaire général, un taux légèrement inférieur à celui du congrès de 2014 (85,88%).

Certains d'entre eux se sont toutefois montrés critiques vis-à-vis de sa méthode, la jugeant peu efficace face aux réformes sociales d'Emmanuel Macron qui amoindrissent, selon eux, les droits des travailleurs (les réformes du Code du travail, de l'assurance chômage, de la formation professionnelle ou encore de la Fonction publique).

"La position officielle de la CFDT n'est pas toujours comprise ou partagée. Nous montrons notre incapacité à réagir ou même agir", a déclaré par exemple Malka Darmon du syndicat Chimie-Energie Provence Corse lors du congrès.

"[Laurent Berger] doit être un peu plus incisif pour obtenir un peu plus de résultats parce que c'est vrai que c'est un peu trop frileux à notre goût", a ajouté Julia Morel, du secteur de la Santé, sur France Inter.

"A un moment ou un autre, nous serons peut-être obligés d'aller dans la confrontation", a renchéri Philippe Pernet du secteur des transports en Lorraine sur France Inter.

Le dirigeant de la CFDT, qui a refusé de manifester aux côtés de la CGT à l'automne dernier pour dénoncer les ordonnances modifiant le Code du travail, a défendu sa ligne de conduite, estimant avoir obtenu des concessions.

"A la CFDT, nous exerçons une combativité qui est celle attachée à la recherche de résultats concrets pour les travailleurs", a-t-il déclaré devant quelque 1.750 délégués syndicaux avant le vote.

MÉTHODE PLUS "EFFICACE"

"Cette combativité-là, elle est certes plus exigeante mais elle est bien plus efficace que la pseudo-combativité des slogans faciles et des postures révolutionnaires".

Organiser une manifestation contre les ordonnances était "un combat perdu", sans "aucune perspective de victoire à la clé", dit-il. "Tout ce que nous pouvions arracher, nous l'avions arraché en amont".

Reprenant une expression qui avait marqué le monde social en novembre dernier, il ajoute que "le syndicalisme est mortel". Il est "mortel quand il se limite à dénoncer", "quand il montre son impuissance et s'enferme dans la spirale d'une radicalité stérile", "quand il confond son combat avec un combat politique".

"Mais pas le nôtre", précise-t-il. "Pas le nôtre si nous savons évoluer pour faire face aux défis de notre temps".

Il admet que "dans le contexte actuel", la centrale devra "réfléchir et expérimenter" d'autre formes d'action pour exprimer ses désaccords, charge qui incombera au nouveau bureau national élu jeudi. Ce bureau doit également renouveler son mandat.

Le "gouvernement ne pourra pas continuer quatre ans sur la même ligne", ajoute-t-il pour rassurer ses militants. "Il n'y aura pas de transformation en profondeur de la société contre ses acteurs, sans ceux qui mettent en oeuvre les réformes".

Il dit maintenant attendre d'Emmanuel Macron des "politiques sociales assumées" au risque de creuser les inégalités et d'encourager la montée du populisme.

Il surveillera la réforme de la Fonction publique, qui prévoit la suppression de 120.000 postes sur le quinquennat, le projet de loi Pacte et la réforme des retraites qui prévoit l'uniformisation des 42 régimes. (Caroline Pailliez, édité par Sophie Louet)