PARIS, 29 janvier (Reuters) - Après plusieurs jours de mobilisation, les agriculteurs continuent de mettre la pression sur le gouvernement avec des blocages annoncés lundi autour de Paris ainsi que plusieurs grandes villes, comme Lyon.

"On va bloquer tous les grands axes autoroutiers qui quittent Paris, à 30 km de Paris (...) Notre objectif, c'est de mettre la pression sur le gouvernement pour faire que rapidement on trouve des solutions de sortie de crise", a déclaré lundi sur RTL Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA.

Le premier syndicat d'agriculteurs en France avait déjà appelé vendredi à poursuivre la mobilisation après les annonces jugées insuffisantes de Gabriel Attal, qui mêlent des mesures de simplification administrative, une accélération du versement des aides d'urgence et l'annulation de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR).

"Ce qui a été annoncé vendredi ne nous satisfait pas. Donc on fait monter la pression parce qu'on a compris que finalement, quand c'était loin de Paris, il n'y avait pas de réception du message", a expliqué Arnaud Rousseau.

Les antennes de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs dans la région parisienne et le nord de la France ont appelé à un "siège" de Paris à partir de lundi 14h00 (13h00 GMT) "pour une durée indéterminée".

Arnaud Rousseau a néanmoins exclu par son syndicat un blocage du marché international de Rungis, essentiel pour l'approvisionnement de la capitale en produits agricoles.

Face aux menaces de nouveaux blocages, 15.000 policiers et gendarmes vont être déployés, afin notamment d'empêcher l'entrée de tracteurs dans Paris et les grandes villes de province.

Sur X, la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes et du Rhône faisait état lundi matin d'un blocage de l'autoroute A450 en direction de Lyon. Selon plusieurs médias, les agriculteurs de la FRSEA (Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles) Auvergne Rhône-Alpes ont appelé à bloquer Lyon à partir de 14h00.

NOUVELLES MESURES

"On continue à travailler avec [les représentants des agriculteurs] pour proposer un certain nombre de mesures qui viendront attester de la volonté du gouvernement de sortir de la crise", a réagi lundi le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau sur France 2.

"Dans les 48 heures, on aura un certain nombre de choses que l’on pourra poser sur la table".

Dimanche, le Premier ministre Gabriel Attal a promis d'autres mesures en faveur des agriculteurs, affirmant que celles annoncées vendredi n'étaient "que le début".

Outre la précarisation de leur métier et le manque de considération, les agriculteurs dénoncent également l'inflation de normes environnementales communautaires et une concurrence déloyale extraeuropéenne.

"Il y a des sujets très globaux, celui du prix, du libre-échange, on parle beaucoup de Mercosur, je ne voudrais pas oublier l'Ukraine qui est un vrai sujet agricole", a expliqué Arnaud Rousseau.

Le président de la FNSEA a indiqué qu'il était prévu que "nous nous parlions avec le Premier ministre" dans la journée.

"Je voudrais que le Premier ministre change de logiciel. C'est-à-dire qu'on passe d'une vision de l'agriculture qui est décroissante à Bruxelles à une vision dans laquelle produire pour nourrir, ça a du sens en France et partout ailleurs", a affirmé Arnaud Rousseau.

(Rédigé par Blandine Hénault, édité par Zhifan Liu)