PARIS, 31 mars (Reuters) - L'opposition tente d'exploiter le manque d'autorité supposé du Premier ministre Jean-Marc Ayrault pour alimenter le procès en amateurisme fait au gouvernement, mais les socialistes l'invitent à faire son autocritique.

Le chef du gouvernement, qui s'est dit décidé à asseoir son rôle dans le Journal du dimanche, a brouillé son message en reconnaissant avoir été injurié par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg à propos du dossier Florange.

Ses détracteurs notent également que le nom de Jean-Marc Ayrault n'a pas été cité une seule fois par François Hollande lors de l'intervention télévisée du chef de l'Etat, jeudi soir.

Le Premier ministre n'a cependant pas voulu y voir une prise de distance, précisant avoir été "associé étroitement à la préparation de cette émission". "Nous savons où nous allons. Avec le président, on marche main dans la main".

Comme pour donner raison à ceux qui, dans son propre camp, lui reprochent une communication désuète, le Premier ministre a également annoncé vendredi soir le remaniement de son équipe spécialisée.

Dans le livre "Florange, la tragédie de la gauche", les journalistes Valérie Astruc et Elsa Freyssenet révèlent que le ministre du Redressement productif s'en est pris avec virulence au chef du gouvernement en décembre 2012 au sujet d'une éventuelle nationalisation du site sidérurgique.

Prié par le JDD de dire si les propos rapportés sont exacts, le Premier ministre répond "oui". "Ce qui compte pour moi, c'est l'action de mon gouvernement pour le redressement du pays, sous l'autorité du chef de l'Etat. Nous sommes une équipe, nous devons jouer collectif", ajoute-t-il.

Geoffroy Didier, secrétaire général adjoint de l'UMP, y a vu aussitôt la preuve que Jean-Marc Ayrault était "une erreur de casting", en lui reprochant de n'avoir aucune autorité.

"Il y a un problème Jean-Marc Ayrault aujourd'hui, nous assistons à un syndrome Edith Cresson (ex-Premier ministre de François Mitterrand), où Jean-Marc Ayrault n'a aucune autorité", a-t-il dit dimanche sur RCJ, la radio de la communauté juive.

"Parce que chacun pense à sa communication, parce qu'il y a les ambitions, les egos, les stratégies de communication de chacun des membres du gouvernement, ce qui fait qu'il n'y a aucune harmonie, aucune autorité au sommet de l'Etat et ça donne l'impression d'un véritable amateurisme", a poursuivi le coprésident du collectif UMP "La droite forte".

La ministre de l'Ecologie, Delphine Batho, a renvoyé la droite à ses propres divisions.

"Un gouvernement, c'est comme une famille, il y a parfois, rarement heureusement, des conversations houleuses, et l'autorité du Premier ministre n'est nullement en cause", a-t-elle dit sur BFM-TV. "La droite cherche évidemment à saboter le travail du gouvernement aujourd'hui , mais (...) elle devrait faire d'abord son autocritique", a-t-elle ajouté. (Chine Labbé)