* Dispositif policier maintenu à Trappes

* La droite accuse la gauche de laxisme

* La gauche accuse la droite de jeter de l'huile sur le feu (Avec déclaration Manuel Valls, contexte)

PARIS, 21 juillet (Reuters) - Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a lancé dimanche un nouvel appel au calme après deux nuits d'incidents à Trappes et ses environs, dans les Yvelines, alors que l'opposition de droite accuse le gouvernement de laxisme.

Dans la matinée, le ministère avait annoncé le maintien jusqu'à nouvel ordre des renforts de police déployés à la suite des incidents de la nuit de vendredi à samedi dans cette ville située à l'ouest de Paris. (voir )

Selon le ministère et la police, des incidents de moindre importance ont encore eu lieu au cours de la nuit de samedi à dimanche à Trappes et dans des communes voisines et ont donné lieu à quatre nouvelles interpellations.

Une vingtaine de véhicules ont été brûlés ou endommagés dans le district d'Elancourt, a précisé le ministère.

"Un dispositif de sécurité conséquent sera maintenu jusqu'à ce que le calme revienne de manière pérenne", a-t-il ajouté.

En début de soirée, dimanche, Manuel Valls a pour sa part invité les parents à garder les mineurs à la maison.

"Chacun doit faire en sorte (...) que le calme revienne sur cette ville", a-t-il déclaré sur BFM-TV. "Cette nuit encore, les forces de l'ordre seront là pour rétablir le calme."

"Je n'admettrai en aucun cas qu'on s'attaque aux forces de l'ordre, aux institutions de la République, aux équipements de cette ville", a-t-il ajouté.

QUATRE HOMMES ÉCROUÉS

Selon un responsable du syndicat de la police Unité SGP, David Callu, une cinquantaine de personnes avaient encore tiré des fusées et lancé des pétards sur des policiers à Trappes, dans la nuit de samedi à dimanche.

C'est le contrôle mouvementé d'une femme intégralement voilée, jeudi, qui est à l'origine de ces incidents, après que son mari a été placé en garde à vue.

Vendredi soir, quelque 250 personnes se sont attroupées autour du commissariat et des affrontements ont éclaté avec les forces de l'ordre. Un adolescent a été blessé à l'oeil et six personnes ont été interpellées.

Manuel Valls a indiqué qu'une enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) s'efforcerait de clarifier les conditions dans lesquelles ce garçon de 14 ans a été blessé - son père assure qu'il était sur place par hasard.

Quatre des six jeunes hommes interpellés dans la nuit de vendredi à samedi ont pour leur part été écroués et devraient être jugés lundi en comparution immédiate, selon des sources judiciaires citées par la presse.

L'homme accusé par les autorités de s'être opposé vigoureusement au contrôle de sa femme jeudi a été quant à lui relâché samedi mais placé sous contrôle judiciaire. Il devrait être jugé en septembre, dit-on à la préfecture des Yvelines.

Sur le site internet du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), sa femme, qui se présente sous le nom de Hajar et était aussi accompagnée jeudi soir par sa mère, donne sa propre version de l'incident.

Elle taxe notamment les policiers d'agressivité à leur égard et accuse l'un d'eux de l'avoir traînée par son voile.

POLÉMIQUE GAUCHE-DROITE

Des dirigeants de l'UMP, comme l'ancien ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux ou le député-maire de Nice, Christian Estrosi, ont accusé pendant tout le week-end le gouvernement de laxisme en matière de sécurité.

Manuel Valls a répliqué en accusant l'opposition de jouer les "incendiaires" - "Chacun doit avoir son propre examen de conscience (...) et ne pas en rajouter, comme le font un certain nombre de responsables de l'opposition", a-t-il dit.

Le ministre de la Ville, François Lamy, sur i

"Je regrette le comportement de certains responsables de la droite (qui cherchent) à souffler sur les braises (...) là où tout le monde devrait appeler au calme et à l'apaisement", a-t-il ajouté. "Je trouve que ce langage, qui flirte avec celui du Front national, est totalement irresponsable."

L'ancienne ministre UMP de la Justice, Rachida Dati, a pour sa part condamné dans un communiqué les violences de vendredi soir et dénoncé un "échec coupable de la gauche" mais estimé que la droite ne devait pas "s'exonérer de toute responsabilité".

"Depuis plus de trente ans, nous avons abandonné toute politique ambitieuse d'intégration", a-t-elle dit. "Nous devons continuer à prôner la responsabilité et la fermeté mais en évitant les discours provocateurs, pour ne pas dire les amalgames. Laissons l'idéologie à la gauche et les amalgames honteux à l'extrême droite." (Emmanuel Jarry, édité par Guy Kerivel)