* Un rapport attendu la semaine prochaine préconise des sanctions

* Protestations de députés LaRem

* Blanquer dit vouloir responsabiliser les familles (Actualisé avec Jean-Michel Blanquer et députés LaRem)

PARIS, 10 janvier (Reuters) - Les allocations versées aux familles dont les enfants ont commis des violences à l'école pourraient être en partie suspendues, écrit jeudi Le Parisien, qui révèle certaines des pistes envisagées par le gouvernement dans son plan contre les violences scolaires.

Cette perspective a suscité une levée de bouclier de nombreux parlementaires de la majorité, y compris au-delà de ceux connus pour leur fibre "sociale", qui ont fait part de leur désaccord face à ce qu'ils considèrent comme une "double peine."

Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a affirmé pour sa part que rien n'était encore tranché sur la question dans l'attente des propositions du groupe de travail mis en place après l'agression avec une arme factice dont a été victime une enseignante dans un lycée de Créteil (Val-de-Marne) en octobre dernier, attendues la semaine prochaine.

L'une des pistes évoquées par Le Parisien concerne le signalement par les établissements scolaires des cas de violence à l'inspection académique, laquelle serait chargée de demander à la Caisse d'allocations familiales de cesser le versement des allocations. La sanction serait équivalente au montant des dommages effectués en cas de dégradation matérielle.

Les familles recevront des avertissements avant toute suspension, précise une source proche du dossier au Parisien. "La simple menace est efficace auprès de la majorité des adultes", ajoute-t-elle.

"DOUBLE PEINE"

De nombreux députés La République en marche (LaRem) - Matthieu Orphelin, Hugues Renson et Aurélien Taché, notamment - ont fait part de leur opposition à cette idée.

"Vieille lubie prétendument destinée à responsabiliser les familles, cette mesure n'a jamais apporté la preuve de son efficacité", a écrit Hugues Renson sur Twitter.

"Comment imaginer une seconde qu'une famille dépassée par un adolescent violent pourra mieux y faire face une fois privée de ces allocations ? Ce serait une double peine insupportable. Cette mesure ne doit pas être reprise par le gouvernement", a considéré Aurélien Taché sur le même réseau social.

"Si ça avait fonctionné on l’aurait su... 20 ans de tergiversations sur une mesure que je juge inefficace", a écrit la députée parisienne Olivia Grégoire. "Ce n’est pas de double peine dont ont besoin les parents de ces enfants."

Invité sur BFM TV jeudi soir, Jean-Michel Blanquer a précisé que "toutes les pistes" étaient ouvertes et que celle des allocations familiales n'était pas tranchée. Il a toutefois insisté sur la nécessité de responsabiliser les familles.

"Les systèmes scolaires qui vont bien sont des systèmes où il y a convergence entre la famille et l'école, on ne peut pas se décharger de toute l'éducation sur l'école", a-t-il dit.

"Quand un enfant a un comportement violent, répétitif, il faut aller voir les racines en dehors de l'école de ce comportement et si la famille a des problèmes, il faut aider cette famille", a-t-il ajouté.

Si l'entourage des élèves encourage la violence ou la cautionne, "ce n'est pas normal, il devrait y avoir à ce moment-là des mesures qui sont prises", a-t-il poursuivi.

Jean-Michel Blanquer avait évoqué le mois dernier sur Europe 1 de possibles "amendes" pour les familles, tout en insistant sur la nécessité d'analyser les dossiers au cas par cas. (Caroline Pailliez et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)