* Échauffourées à la veille d'un rassemblement sur la ZAD

* Une manifestation de soutien dégénère à Nantes

* Des zadistes en détention provisoire ou mis en examen (Avec déclaration Gérard Collomb, 3e et derniers paragraphes)

NOTRE-DAME-DES-LANDES, Loire-Atlantique, 14 avril (Reuters) - D es échauffourées ont une nouvelle fois opposé samedi occupants de la "Zone à Défendre" (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes et forces de l’ordre, à la veille d'un rassemblement sur le site du projet, désormais abandonné, de nouvel aéroport de Nantes.

Des incidents ont également éclaté à Nantes en fin d'après-midi, lors d'une manifestation de soutien aux "zadistes".

Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a dénoncé samedi soir dans un communiqué "les violences inqualifiables et les dégradations de commerces et mobilier urbain" commises en marge de cette manifestation.

La préfète de Loire-Atlantique a annoncé vendredi que la phase d'expulsion des occupants illégaux de terres agricoles et de démolition de leurs "squats" était terminée.

Mais au moins 700 zadistes et leurs soutiens sont toujours sur place et la gendarmerie faisait état samedi de l'arrivée de sympathisants en prévision du rassemblement de dimanche.

Les heurts ont repris tôt samedi matin après le déblaiement par les forces de l’ordre d’une route de campagne traversant la ZAD et hérissée de barricades.

Une porte-parole des "zadistes" a fait état d'une dizaine de blessés dans leurs rangs, dont un hospitalisé. "Normalement tout devait être fini mais ça continue", a-t-elle déclaré à Reuters.

Près du lieu dit les "Fosses noires", plusieurs dizaines de "zadistes" armés de pierres et de raquettes de tennis pour renvoyer les grenades lacrymogènes ont ainsi affronté les gendarmes mobiles, qui ont aussi fait usage de grenades assourdissantes.

"Durant les dernières 48 heures, 23 personnes ont subi de multiples éclats de grenades sur le corps", accusent dans un communiqué les "zadistes", qui dénoncent "l’utilisation d’armes au potentiel létal".

La gendarmerie nationale fait pour sa part état d'opérations de "sécurisation" et de maintien de l'ordre, visant notamment à démolir quatre barricades sur la route départementale RD81.

Une porte-parole de la gendarmerie a dit à Reuters que les forces de l'ordre avait essuyé "quelques tirs" de cocktails Molotov mais a qualifié les échauffourées de "sans gravité".

Depuis le début des opérations d'expulsion, de démolition et de sécurisation de la zone, lundi dernier, une cinquantaine de gendarmes ont été blessés, ajoute-t-on de même source.

INCIDENTS À NANTES

A la mi-journée manifestants et gendarmes mobiles se faisaient face dans un calme très relatif, les premiers disant craindre de nouvelles évacuations malgré l’annonce de la fin de ces opérations.

"Alors que nous étions près à discuter, on a détruit nos maisons et brutalement évacué les gens. Nous avons déjà été trahis une fois et nous n’avons plus aucune confiance dans la parole des autorités", a dit à Reuters une "zadiste".

Le parquet général de la cour d'appel de Rennes a annoncé que deux "zadistes" interpellés vendredi avaient été déférés devant un juge et placés en détention provisoire pour être jugés la semaine prochaine. Un autre a été mis en examen et un quatrième convoqué pour être jugé à Saint-Nazaire lundi.

Samedi après-midi, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Nantes leur soutien aux "zadistes" mais aussi aux cheminots et à la fonction publique.

Cette manifestation, pacifique à l'origine, avec enfants et seniors, a été bloquée au niveau du château des Ducs de Bretagne, ce qui a provoqué des tensions. Les CRS ont eu recours à des tirs nourris de gaz lacrymogènes pour repousser la foule.

Le défilé a dégénéré en fin de journée. Après avoir été refoulés par des canons à eau et des grenades lacrymogènes, les éléments les plus radicaux, qui avaient descellé des pavés de la ligne de tramway pour s'en servir comme projectiles, se sont dispersés et ont dégradé du mobilier urbain, ainsi que des vitrines de commerces et de banques du centre-ville.

Selon la préfecture de Loire-Atlantique, un membre des forces de l'ordre a été légèrement blessé et dix manifestants ont été interpellés. Gérard Collomb a pour sa part fait état de 12 personnes arrêtées.

Des affrontements sporadiques se poursuivaient dans la soirée aux abords du centre-ville.

A la veille du rassemblement de Notre-Dame-des-Landes, le ministre de l'Intérieur a appelé "chacun à la responsabilité" et lancé une mise en garde à "ceux qui font preuve de violence". (Pierre-Henri Allain, édité par Emmanuel Jarry)