* "Historique" pour les syndicats

* Les socialistes comptent sur l'appui des parents

* Peillon rejette l'idée d'une compensation financière (Actualisé avec Bertrand Delanoë et PCF)

PARIS, 22 janvier (Reuters) - Quelque 90% des enseignants d'école primaire à Paris ont fait grève mardi pour protester contre l'entrée en vigueur de la réforme des rythmes scolaires dès la rentrée 2013.

Au total, 56 écoles primaires de la capitale ont fermé, a dit à Reuters Nicolas Wallet, membre du SNUipp-FSU Paris, le syndicat majoritaire du primaire, qui parle d'une "mobilisation historique".

Le rectorat de Paris a fait état pour sa part de 78% d'enseignants grévistes et de la mise en oeuvre du Service minimum d'accueil (SMA) dans 66 écoles, à la veille d'une journée d'action nationale et de la présentation du projet de loi sur la refondation de l'école en conseil des ministres.

L'intersyndicale réclame le report de la mise en oeuvre de la semaine de quatre jours et demi officiellement prévue pour la rentrée 2013. Selon le projet de décret du gouvernement, les communes ont jusqu'au 1er mars pour demander un report d'un an de l'entrée en vigueur de la réforme, soit à la rentrée 2014.

La réforme prévoit de fixer à 5h30 la durée maximale de la journée de classe (contre 6h actuellement), à 3h30 la durée maximale de la demi-journée et à 1h30 la durée minimale de la pause à la mi-journée. L'enseignement sera dispensé dans le cadre d'une semaine de neuf demi-journées incluant le mercredi matin et des activités pédagogiques viendront s'ajouter aux 24 heures d'enseignement hebdomadaire.

Les syndicats dénoncent entre autres un nombre insuffisant d'animateurs pour gérer les activités périscolaires et redoutent des inégalités croissantes entre les écoles concernant ces activités.

"On ne veut pas une réforme bâclée, le mot d'ordre c'est ni statu quo ni bricolage", explique Nicolas Wallet. "Il ne s'agit pas d'un réflexe corporatiste, il y a une réelle inquiétude concernant la mise en place de cette réforme."

"S'ils nous prouvent qu'en cinq mois, ils sont capables de recruter du personnel, de proposer des offres périscolaires riches et égalitaires entre les différentes écoles, on peut y réfléchir, mais j'en doute."

"REVOIR SA COPIE"

Le ministre de l'Education a rejeté la demande de compensation formulée par les syndicats qui font valoir une perte de pouvoir d'achat en raison des coûts de la réforme (frais liés aux transports et à la garde des enfants).

La compensation, "je n'y crois pas, dès lors que je ne demande pas qu'ils travaillent davantage", a déclaré Vincent Peillon. "Ce que je crois, c'est que les professeurs des écoles ont des conditions de rémunération du travail qui parfois ne sont pas l'équivalent de leurs collègues, par exemple, du secondaire."

Tout en prônant un rééquilibrage des salaires entre les enseignants du primaire et du secondaire, il a exclu toute discussion autour d'une compensation dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires.

Un fonds spécifique de 250 millions d'euros va être débloqué en 2013 pour aider les collectivités à financer la prise en charge des enfants pendant les heures réaménagées par la réforme.

Bertrand Delanoë a assuré que sa municipalité mettrait "des moyens en termes de personnels, en termes de qualité de [l'] offre périscolaire."

Invitée sur RTL mardi matin, sa première adjointe Anne Hidalgo, a défendu la réforme du gouvernement, estimant que les parents "suivraient".

La secrétaire générale déléguée de l'UMP Valérie Pécresse, ancienne ministre de l'Enseignement supérieur, a dénoncé pour sa part "une réforme mal préparée".

"On désorganise les écoles primaires, la vie des familles, le fonctionnement des collectivités locales", a-t-elle estimé sur i>télé.

Au sein de la majorité même, le Parti communiste a demandé au gouvernement de "revoir sa copie".

"Si cette modification des rythmes scolaires provoque de telles réactions, c'est qu'elle est jugée, à ce stade, comme une nouvelle dégradation des conditions de travail des enseignants et des autres personnels", juge dans un communiqué Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. (Marine Pennetier, édité par Sophie Louet)