Bellinzone (awp/ats) - Le procès d'un financier accusé d'escroqueries par métier s'est ouvert mardi à Bellinzone en l'absence du principal intéressé. Le sexagénaire, qui avait pignon sur rue à Genève, n'a pas comparu devant le Tribunal pénal fédéral. Son procès se poursuivra par défaut.

C'est la deuxième fois que l'accusé, aujourd'hui domicilié à Barcelone, refuse de comparaître devant le TPF. Son avocat a déclaré n'avoir connu qu'en début de semaine sa décision de ne pas se rendre à Bellinzone.

La Cour des affaires pénales, après une brève audience, a décidé mardi matin de poursuivre le procès. De nombreux témoins sont attendus à la barre les jours prochains. Tous seront interrogés sur les escroqueries dont le financier doit répondre.

Au total, le Ministère public de la Confédération (MPC) reproche à l'accusé d'avoir utilisé à son profit plus de trois millions et demi de francs suisses. Les malversations auraient été commises en l'espace d'une dizaine d'années, entre 2002 et 2005, puis en 2012.

Beau parleur, ce sexagénaire de nationalité française affirmait disposer d'un prestigieux carnet d'adresses. Il prétendait avoir été conseiller financier de Bill Clinton et impressionnait ses interlocuteurs par sa prestance et l'adresse de ses bureaux, situés à la rue du Rhône.

Boeing présidentiel

Lorsqu'un homme d'affaires camerounais l'avait contacté pour assurer le financement de l'achat d'un Boeing destiné au président du Cameroun, Paul Biya, le financier lui avait proposé de constituer une société anonyme à Genève.

Nommé administrateur de cette société, le financier est accusé d'avoir utilisé à son profit les fonds qui lui avaient été remis. Le MPC lui reproche d'avoir empoché plus de 1,6 million de francs suisses pour ses besoins personnels.

Il l'accuse aussi d'avoir menti sur toute la ligne à son interlocuteur camerounais. Car il devait savoir qu'il était impossible d'assurer le financement de plus de 60 millions de dollars nécessaires à l'achat d'un Boeing, faute d'un capital initial suffisant.

Le financier répond d'autres escroqueries. Il est ainsi accusé d'avoir trompé une compagnie sénégalaise, qui cherchait un refinancement à hauteur de 120 millions de dollars et d'avoir détourné à son profit plus d'un demi-million de francs suisses.

HAUTS RENDEMENTS HEBDOMADAIRES

Le sexagénaire aurait également trompé des particuliers. Entre novembre 2011 et mars 2012, il aurait dupé un investisseur en lui promettant de hauts rendements hebdomadaires, le délestant de plus de 1 million de francs suisses.

Selon l'acte d'accusation, le sexagénaire a consacré "une part importante de son activité professionnelle, si ce n'est exclusive, à la commission de ces escroqueries présumées". Il doit être reconnu coupable d'escroqueries par métier, subsidiairement de gestion déloyale et d'abus de confiance, ainsi que de faux dans les titres.

Le procès qui s'est ouvert mardi devant le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone devrait durer plus d'une semaine. Le réquisitoire et les plaidoiries ne sont pas attendus avant le milieu de la semaine prochaine.

ats/rp