Les impayés progressent, incitant les grands établissements à réduire leurs effectifs. Et cette tendance va aller en s’amplifiant.

Actuellement l'économie européenne est aidée, ce qui ne sera plus le cas en 2021 et 2022. Les pertes sur créances constituent donc une réelle menace pour les grandes banques européennes.
Réductions d'effectifs en cascade
Aux Etats-Unis et en Europe, les banques d'investissement avaient mis en pause leurs plans de réduction d'effectifs. Toutefois, face à un envol du coût des impayés, ces établissements vont devoir réduire leurs effectifs. Même si, sur l'année 2020, certains analystes estiment que les revenus des douze grandes banques d'investissement mondiales devraient bondir de 25% à plus de 188 milliards de dollars. S & P Global Ratings considère que 2021 pourrait s'avérer encore plus dure que 2009. Les banques européennes sont les plus actives en matière de réduction d'effectifs. Au troisième trimestre, les effectifs de " front office " ont diminué de 5% en Europe. Les métiers actions ont été les plus touchés. Commerzbank, qui a affiché des pertes de 162 millions d'euros entre janvier et septembre suite à des provisions pour faire face à la crise et à des charges de restructuration, pourrait supprimer environ 10.000 postes. C'est presque autant que sa rivale, Deutsche Bank, qui va ramener ses effectifs de 87.000 à 74.000 emplois d'ici à 2022.
Sombres perspectives
L'Autorité bancaire européenne a étudié les bilans de 130 grandes banques européennes au deuxième trimestre 2020. Suite à cette étude, le régulateur a appelé le secteur à s'apprêter à faire face à une explosion de prêts impayés en 2021. Selon l'Autorité, le total des créances douteuses en Europe (dites de " niveau 3 ") atteignait à fin juin 500 milliards d'euros, un chiffre en repli de 10% sur un an. Néanmoins cet indicateur est trompeur car les créances dites de " niveau 2 ", qui sont encore remboursées normalement mais risquent de ne plus l'être, ont progressé de 23% sur un an, pour s'établir à 1.200 milliards d'euros. Mi-décembre, la Banque centrale européenne a levé sa recommandation de gel complet des dividendes bancaires, mais demandé, qu'ils n'excèdent pas 15% des résultats cumulés entre 2019 et 2020 et qu'ils ne soient pas versés avant septembre prochain par mesure de prudence.