Voici les scénarios possibles après le vote du Sénat, qui pourraient déclencher le chaos politique dans le pays.

ESQUIVER LE VOTE, RETOUR AUX AFFAIRES

Le gouvernement a déjà demandé le vote de confiance, qui a un grand poids politique. Toutefois, les partis pourraient tenter de désamorcer la crise en retirant la motion et en procédant plutôt à un vote sur chaque mesure du paquet. Cela permettrait au parti 5 étoiles d'exprimer sa désapprobation à l'égard d'un élément particulier du projet de loi -- la construction d'un incinérateur géant à Rome -- sans boycotter le gouvernement dans son ensemble.

Il est loin d'être évident que ce mécanisme apaise les tensions au sein de la coalition et pourrait simplement retarder la crise.

MÊME PREMIER MINISTRE, MÊMES PARTENAIRES

Le président Sergio Mattarella pourrait demander à Draghi de convoquer un nouveau vote de confiance au Parlement la semaine prochaine. Si le parti 5 étoiles décide de réintégrer les rangs du gouvernement, la coalition d'unité nationale resterait en place, bien que meurtrie et meurtrière.

L'ancien premier ministre et leader des 5 étoiles, Giuseppe Conte, a laissé la porte ouverte à des discussions avec Draghi. Cependant, le soutien des 5 étoiles est en déclin constant et de nombreux membres du parti font pression pour une coupure complète avec le gouvernement, dans l'espoir de relancer les chances du parti depuis les bancs de l'opposition.

MÊME PREMIER MINISTRE, MOINS DE PARTENAIRES

Draghi demande un vote de confiance et obtient le soutien du reste des partis de la coalition, y compris la Ligue (droite), le Parti démocratique (PD) (centre-gauche) et un groupe important d'anciens politiciens 5 étoiles qui se sont séparés de Conte le mois dernier. L'ancien chef de la Banque centrale européenne aurait une majorité plus faible, mais néanmoins viable, dans les deux chambres du Parlement.

Toutefois, Draghi a déclaré qu'il ne resterait pas au pouvoir sans les 5 étoiles, et tant le PD que la Ligue ont signalé qu'ils ne soutiendraient pas un autre gouvernement si les 5 étoiles boycottaient le vote du Sénat jeudi.

Même si Draghi et les deux partis changent d'avis, l'opération bouleverserait l'équilibre interne du gouvernement, puisque la coalition serait fortement biaisée à droite, et les demandes des groupes restants pourraient déclencher de nouvelles turbulences.

DES ÉLECTIONS ANTICIPÉES

Si Draghi démissionne et refuse de prendre la tête d'une nouvelle administration, le président pourrait dissoudre le parlement et convoquer des élections anticipées qui auraient lieu fin septembre ou en octobre. Draghi pourrait rester en tant qu'intérimaire, ou Mattarella pourrait demander à quelqu'un d'autre de prendre les rênes pour les semaines restantes de la législature.

Toutefois, l'Italie n'a pas organisé d'élections en automne depuis la Seconde Guerre mondiale, les derniers mois de l'année étant traditionnellement consacrés à l'élaboration du budget.

Un vote anticipé comporte d'autres risques. L'Italie doit encore respecter de nombreuses échéances bureaucratiques et législatives cette année pour obtenir des milliards d'euros de fonds européens, et ces échéances pourraient être manquées sans un gouvernement pleinement opérationnel en place.

NOUVEAU PREMIER

Dans un effort pour éviter des élections anticipées et des turbulences financières, le président Mattarella pourrait essayer de mettre en place un autre gouvernement d'unité en faisant appel à une figure institutionnelle pour diriger une nouvelle coalition jusqu'aux élections, qui sont prévues au premier semestre 2023.

Cependant, il est difficile d'imaginer les différentes composantes du gouvernement de Draghi se rallier à une nouvelle figure.