L'arrêt de la Cour suprême des États-Unis sur l'immunité présidentielle a rejeté un élément de l'affaire pénale fédérale concernant les efforts de l'ancien président Donald Trump pour annuler sa défaite électorale de 2020 et pourrait exclure d'autres aspects de l'affaire.

Voici comment la décision de lundi pourrait affecter les preuves dont disposent les procureurs.

ENRÔLER LE DÉPARTEMENT DE LA JUSTICE DES ÉTATS-UNIS

L'arrêt de la Cour suprême interdit aux procureurs de présenter des preuves selon lesquelles M. Trump a cherché à enrôler des fonctionnaires du ministère américain de la justice dans ses efforts pour rester au pouvoir malgré sa défaite électorale face à Joe Biden.

L'acte d'accusation à quatre volets obtenu par l'avocat spécial Jack Smith en août 2023 allègue que M. Trump a cherché à remplacer le procureur général des États-Unis par intérim par un autre fonctionnaire qui avait promis d'utiliser le ministère de la justice pour soutenir les tentatives visant à contrecarrer la certification par le Congrès de la victoire de M. Biden aux élections.

M. Trump a plaidé non coupable de ces accusations, qui lui reprochent d'avoir mené une conspiration sur plusieurs fronts pour tenter de rester au pouvoir.

Dans son arrêt, la Cour suprême a estimé que M. Trump bénéficiait d'une immunité absolue contre les accusations relatives à ses communications avec des fonctionnaires du ministère de la justice, car ces actions relevaient de l'autorité présidentielle "fondamentale" que lui confère la Constitution des États-Unis.

FAIRE PRESSION SUR PENCE

L'acte d'accusation affirme également que M. Trump a tenté de convaincre le vice-président de l'époque, Mike Pence, d'utiliser son rôle de superviseur du processus de certification du Congrès pour bloquer la victoire de M. Biden. Pence a refusé.

Le tribunal a estimé que les communications entre M. Trump et M. Pence seraient vraisemblablement couvertes par l'immunité présidentielle, ce qui les exclut de l'affaire. Toutefois, les procureurs ont toujours la possibilité de faire valoir que poursuivre M. Trump pour ces discussions n'impliquerait pas l'autorité du président, car ce dernier ne joue aucun rôle dans le processus de certification des élections.

Il appartiendra à la juge de première instance, Tanya Chutkan, de prendre une première décision, qui pourra ensuite faire l'objet d'un appel en fonction de ses conclusions.

FAUX ÉLECTEURS

Selon les procureurs, M. Trump et ses alliés ont organisé des listes de grands électeurs pro-Trump dans sept États où M. Trump a perdu, afin de bloquer la certification par le Congrès de la victoire de M. Biden, qui consiste à compter les grands électeurs légitimes des différents États. Selon l'acte d'accusation, ces "faux grands électeurs" avaient pour but de donner à Pence un prétexte pour rejeter les votes en faveur de Biden lorsque le Congrès se réunirait pour certifier le résultat de l'élection le 6 janvier 2021.

La Cour suprême a chargé M. Chutkan de déterminer quelles actions de M. Trump dans ce domaine étaient officielles et méritaient d'être protégées, et lesquelles relevaient d'une conduite privée ne méritant pas l'immunité.

JAN. 6 COMMUNICATIONS

Selon l'acte d'accusation, M. Trump a invité ses partisans à se rassembler à Washington le jour du vote de certification et les a exhortés à marcher sur le Capitole des États-Unis dans une ultime tentative d'empêcher la certification de l'élection. Certains de ses partisans ont alors violemment pénétré dans le Capitole, attaquant la police et forçant les législateurs à s'enfuir.

Les procureurs souhaitent présenter les messages de M. Trump sur les réseaux sociaux et le discours qu'il a adressé à ses partisans avant l'émeute comme éléments de preuve dans cette affaire.

La Cour suprême a demandé à M. Chutkan d'examiner le contexte des remarques de M. Trump afin de déterminer si elles ont été faites dans le cadre de ses fonctions officielles et si elles sont couvertes par l'immunité.