Le gouvernement considère cette législation comme faisant partie d'une approche "à double voie" du problème, permettant aux ministres de poursuivre les négociations avec l'UE tout en disposant d'une police d'assurance sous la forme du nouveau projet de loi si ces négociations n'aboutissent pas.

Voici les raisons pour lesquelles la Grande-Bretagne veut modifier unilatéralement le protocole sur l'Irlande du Nord, convenu dans le cadre de son accord de divorce avec l'UE dans le cadre du Brexit, et ce qu'elle a proposé.

QU'EST-CE QUE LE PROTOCOLE DE L'IRLANDE DU NORD ?

-- Le protocole est un accord conclu dans le cadre de l'accord de Brexit de la Grande-Bretagne qui maintient l'Irlande du Nord alignée sur le marché unique de l'UE pour les marchandises, évitant ainsi une frontière dure avec l'Irlande, membre de l'UE, qui était un élément clé de l'accord de paix.

-- Il a introduit des contrôles sur les marchandises circulant entre la Grande-Bretagne et l'Irlande du Nord, dissuadant les commerçants de livrer certains produits à la province.

JUSTIFICATION DE LA LÉGISLATION

-- La ministre des Affaires étrangères, Liz Truss, a déclaré le 17 mai que l'accord de paix du Vendredi saint de Belfast était mis à rude épreuve, empêchant le fonctionnement de l'exécutif nord-irlandais.

-- Cet argument a servi de base à la justification juridique du gouvernement. Il estime que les conditions sont réunies pour justifier la "doctrine de la nécessité", qui permet à une autorité administrative de recourir à des mesures extraconstitutionnelles pour rétablir l'ordre ou la stabilité.

-- La Grande-Bretagne affirme que la nouvelle législation est légale au regard du droit international. Elle affirme qu'elle n'abandonnera pas le protocole d'accord mais qu'elle y apportera des changements limités.

PROBLÈMES

-- Les procédures douanières de l'UE pour l'acheminement des marchandises à l'intérieur du Royaume-Uni ont entraîné des coûts et des formalités administratives considérables pour les entreprises. Certaines entreprises ont même cessé tout commerce.

-- Les règles fiscales empêchent les citoyens d'Irlande du Nord de bénéficier pleinement des mêmes avantages que le reste du Royaume-Uni, comme la réduction de la TVA sur les panneaux solaires.

-- Les règles sanitaires et phytosanitaires signifient que les producteurs britanniques sont soumis à des exigences onéreuses, notamment la certification vétérinaire, pour vendre des produits alimentaires dans les magasins d'Irlande du Nord.

-- L'UE a fait des propositions pour alléger le fardeau des commerçants, mais la Grande-Bretagne estime qu'elles ne répondent pas à toutes les préoccupations et qu'elles reviendraient en arrière par rapport à la situation actuelle.

NOUVELLE LÉGISLATION

-- La Grande-Bretagne souhaite mettre en place des voies vertes et rouges fondées sur des données commerciales et un système de confiance pour les marchandises. La voie verte serait réservée aux produits qui restent au Royaume-Uni et la voie rouge à ceux qui sont expédiés vers l'Union européenne ou qui sont transportés par des commerçants ne participant pas au système de confiance. La poste et les colis passeraient par la voie verte.

-- Pour protéger le marché unique de l'UE, des sanctions sévères seront appliquées à ceux qui cherchent à abuser du système.

-- Un partage solide des données et un système informatique spécialement conçu pour fournir des informations en temps réel et bien avant la fin de la traversée de la mer d'Irlande seraient mis en place.

-- Il supprimerait également les obstacles réglementaires à la vente en Irlande du Nord de produits fabriqués selon les normes britanniques. Les produits pourraient porter un marquage CE ou UKCA, ou les deux, s'ils satisfont aux règles applicables. L'approbation pourrait être accordée par des organismes britanniques ou européens.

-- La Grande-Bretagne veut permettre aux entreprises de choisir entre le respect des normes britanniques et celui des normes européennes dans le cadre d'un nouveau régime réglementaire double.

-- Londres pourra décider des politiques fiscales et de dépenses pour l'ensemble du Royaume-Uni. La Grande-Bretagne propose d'utiliser la loi de 2022 sur le contrôle des subventions pour gérer les subventions au Royaume-Uni. La Grande-Bretagne donnerait aux ministres la liberté d'adapter ou de désapprouver les règles afin que les habitants d'Irlande du Nord puissent bénéficier des mêmes politiques que ceux du reste du Royaume-Uni.

-- Elle s'attaquerait aux questions liées à la gouvernance en alignant le protocole sur les normes internationales et en supprimant la prédominance de la Cour européenne de justice. La Grande-Bretagne propose des dispositions plus équilibrées qui visent à gérer les problèmes par le dialogue, puis par un arbitrage indépendant.

COMBIEN DE TEMPS CELA PRENDRA-T-IL ?

-- La Grande-Bretagne affirme qu'il est urgent de traiter les questions commerciales, mais il n'y a pas de calendrier législatif.

-- Le projet de loi risque de se heurter à la résistance de la Chambre haute du Parlement. Un législateur conservateur a déclaré que les Parliament Acts, rarement utilisés, pourraient être utilisés pour forcer l'adoption du texte. Cette loi limite les pouvoirs de retardement de la Chambre des Lords à un an.