La Finlande, qui a posé sa candidature en même temps que la Suède, a rejoint l'OTAN en avril, mais la Turquie continue de bloquer l'adhésion de la Suède en invoquant des problèmes de sécurité. Ankara a déclaré que la Suède devait réprimer les manifestations anti-Turquie avant d'obtenir le feu vert pour adhérer à l'OTAN.

La Suède s'est fixé pour objectif d'adhérer à l'OTAN lors du sommet des 11 et 12 juillet. Bien qu'elle bénéficie d'un soutien solide de la part des autres membres, notamment des États-Unis, et que de nouvelles discussions avec la Turquie soient attendues, il n'y a eu que peu de signes clairs d'une percée.

CONTEXTE

L'invasion de l'Ukraine par la Russie en février de l'année dernière a convaincu la Suède et la Finlande de renoncer à leur politique de non-alignement militaire.

Les deux pays considèrent l'OTAN, avec sa clause de défense collective, comme le meilleur moyen d'assurer leur sécurité.

La majorité des membres de l'OTAN ont rapidement ratifié les demandes d'adhésion, arguant que la Finlande - qui partage une frontière de 1 300 km avec la Russie - et la Suède renforceraient l'alliance dans la région de la Baltique.

La Turquie a approuvé l'adhésion de la Finlande après des objections initiales. Mais Ankara estime que la Suède ne prend pas au sérieux ses préoccupations en matière de sécurité et qu'elle n'a pas respecté l'accord conclu à Madrid l'année dernière, qui énonçait un certain nombre de questions que Stockholm devait régler.

La Turquie n'a pas bougé malgré la mise en œuvre par la Suède, en juin, d'une nouvelle législation antiterroriste qui, selon elle, devrait ouvrir la voie à l'adhésion.

La Hongrie a suivi l'exemple de la Turquie en retardant la ratification, qui doit être unanime.

POURQUOI LA TURQUIE S'Y OPPOSE-T-ELLE ?

Stockholm a critiqué la Turquie pour ses violations des droits de l'homme et ses manquements aux normes démocratiques, ce qui a irrité les responsables politiques d'Ankara.

La Turquie affirme que la Suède abrite des membres de ce qu'elle considère comme des groupes terroristes - une accusation que la Suède nie - et a demandé leur extradition comme étape vers la ratification de l'adhésion de la Suède.

Les tribunaux suédois ont bloqué certaines expulsions vers la Turquie.

Les manifestations organisées en Suède ont également suscité l'ire de la Turquie.

Ces derniers mois, des manifestants à Stockholm ont accroché une effigie d'Erdogan à un lampadaire. Lors d'autres événements, les manifestants ont brandi des drapeaux montrant leur soutien au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme un groupe terroriste par la Turquie et ses alliés occidentaux, dont la Suède.

Le ministre suédois des affaires étrangères, Tobias Billstrom, a déclaré que la liberté de manifester était inscrite dans la constitution, tout en ajoutant que "ce qui est légal n'est pas toujours approprié".

QUE REPROCHE LA HONGRIE À LA SUEDE ?

La Hongrie affirme que la Suède a une attitude hostile à l'égard de Budapest depuis des années. Elle est en colère contre les critiques suédoises à l'encontre du premier ministre Viktor Orban, qui dénoncent une érosion de l'État de droit. Orban nie cette érosion. Contrairement à la Turquie, la Hongrie n'a pas dressé de liste de revendications, mais affirme que les griefs doivent être réglés avant qu'elle puisse ratifier l'adhésion de la Suède à l'OTAN.

Les responsables suédois se disent perplexes face à la position de la Hongrie et les analystes estiment que le pays suivra probablement l'exemple de la Turquie dans cette affaire.

QUAND LA TURQUIE ACCEPTERA-T-ELLE L'ADHESION DE LA SUEDE A L'OTAN ?

Le ministre des affaires étrangères, M. Billstrom, a rencontré de nombreux alliés de l'OTAN au cours des dernières semaines afin de s'assurer que la candidature de Stockholm reste en tête de l'ordre du jour, affirmant qu'il n'y a pas de "plan B" au-delà de l'adhésion de la Suède à Vilnius.

La Suède affirme qu'elle a mis en œuvre l'accord de Madrid, y compris des lois antiterroristes plus strictes, et que certaines des autres exigences d'Ankara sont impossibles à satisfaire.

M. Erdogan a déclaré que les nouvelles lois étaient dénuées de sens alors que les partisans du PKK, un mouvement interdit, sont autorisés à organiser des manifestations à Stockholm.

Pourtant, la Turquie a déjà eu des démêlés avec des alliés de l'OTAN et a fait marche arrière. Ailleurs, le soutien à la Suède est fort, les dirigeants de toute l'Europe et des États-Unis appelant Ankara à aller de l'avant avec la ratification.

Les responsables suédois et turcs se sont rencontrés le 14 juin pour ce que le négociateur en chef de la Suède a qualifié de bonnes discussions, et devraient tenir une autre réunion de haut niveau à Bruxelles avant le sommet de Vilnius.

LA SÉCURITÉ DE LA SUÈDE EST-ELLE MENACÉE PAR CE RETARD ?

La Suède a déclaré que sa position en matière de sécurité était meilleure aujourd'hui qu'avant sa candidature à l'OTAN. La Suède a reçu des assurances de soutien de la part de pays tels que les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Allemagne.

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré qu'il serait inconcevable que l'alliance ne soutienne pas la Suède si elle était menacée.

La Suède coopère déjà étroitement avec l'OTAN et les mesures d'intégration progressent. La Suède dispose d'une force aérienne puissante et d'une flotte de sous-marins adaptée aux conditions de la mer Baltique, ce qui constitue un atout pour l'OTAN dans la région.