par Michel Rose

Les actions Eurotunnel gagnaient plus de 4,8% vers 14h15 réalisant de loin la plus forte hausse du SBF 120, dopées par l'augmentation soudaine du trafic mais aussi par les difficultés financières de SeaFrance, filiale de la SNCF, qui exploite des lignes de ferries entre la France et l'Angleterre, et qui a demandé la semaine dernière à se mettre sous la protection de ses créanciers.

L'éruption du volcan islandais qui paralyse le trafic aérien européen depuis jeudi pourrait avoir des conséquences économiques plus graves pour les compagnies aériennes que les attentats du 11 septembre 2001.

Les analystes n'envisagent pas dans l'immédiat de changer leur recommandation sur le titre Eurotunnel, estimant que les conséquences sur le bénéfice annuel du groupe restent marginales.

"Cela pourrait être un élément déclencheur, un rappel du fait que les compagnies aériennes ont des problèmes et qu'Eurotunnel est aujourd'hui bénéficiaire" observe Pierre Flabbee, analyste chez Kepler.

"Mais à moins que le trafic aérien ne soit affecté pendant des mois, ma valorisation de la société ne changera pas substantiellement," a-t-il ajouté, expliquant que si le trafic devait doubler pendant deux semaines, cela ne représenterait toujours qu'une augmentation additionnelle de 1% du revenu annuel.

TRAFIC MULTIPLIÉ PAR DEUX

Eurotunnel a vu le trafic dans le tunnel multiplié par deux la semaine dernière par rapport au niveau habituel en ce qui concerne les voitures et les bus, avec plus de 10.520 véhicules ayant traversé la Manche entre Calais et Folkestone pour la seule journée de dimanche, a déclaré lundi Eurotunnel.

"Nous avons des réservations qui explosent pour la semaine qui vient, de personnes qui ont du reporter ou annuler leur vol", a expliqué une porte-parole d'Eurotunnel.

Elle a ajouté que la compagnie augmentait la fréquence de ses navettes à trois ou quatre trains par heure, contre deux en temps normal.

Le tunnel est en général utilisé à 52% de ses capacités, il y a donc des capacités restantes si la demande devait encore augmenter, a-t-elle expliqué.

Eurotunnel pourrait également profiter des déboires de son concurrent maritime SeaFrance qui a demandé à bénéficier la semaine dernière de la procédure de sauvegarde, après une grève de cinq jours lors du week-end de Pâques qui a encore aggravé les pertes d'un groupe déjà très endetté.

"La restructuration de SeaFrance pourrait être plus sévère qu'attendu. (...) Ils détiennent une part de marché de 25% du trafic de camions entre la Grande-Bretagne et la France" a observé un autre analyste sous couvert d'anonymat.

Reportage de Michel Rose, Greg Roumeliotis, Vincent Chauvet pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot