par Florent Le Quintrec

La timide reprise des opérations a lieu à l'initiative des PME, une situation plutôt inhabituelle, signalent chez Euronext Xavier Bommart, responsable du développement commercial du listing Europe, et Marc Lefèvre, responsable des relations avec les émetteurs européens.

"Traditionnellement, en sortie de crise, la reprise de l'activité sur le marché primaire bénéficie en premier lieu aux large caps, ensuite les moyennes, puis les plus petites valeurs, sur lesquelles les investisseurs préfèrent généralement revenir en fin de cycle de relance seulement", déclare à Reuters Xavier Bommart.

Mais, constate-t-il pourtant, "les grandes introductions en Europe restent encore rares. Un certain nombre d'opérations de sortie de LBO n'ont pas pu se réaliser dernièrement".

"Le marché a besoin de stabilité et d'une vision claire sur l'évolution de la conjoncture."

De grosses opérations se précisent néanmoins et Euronext espère en voir aboutir dès cette année.

"Nous avons quelques opérations de taille importante dans le pipeline, entre 10 et 15 à moyen terme, la majeure partie issue de LBO", dit Xavier Bommart. "L'introduction d'Amadeus, si elle se confirme, devrait faire figure de test et pourrait marquer un retour progressif des sorties de LBO en Bourse."

Le spécialiste de la réservation touristique Amadeus, retiré de la cote en 2005 lorsque les fonds BC Partners et Cinven ont pris la majorité du capital, a fait savoir en mars qu'il préparait son retour en Bourse au premier semestre 2010 à Madrid, pour lever au moins 910 millions d'euros.

LES BIOTECHS ACTIVES

Euronext veut offrir une meilleure visibilité aux investisseurs, de quoi entraîner une accélération des cotations de PME. L'opérateur a modifié le mois dernier les conditions de cotation sur sa plate-forme Alternext, notamment pour élargir l'accès à la cotation en continu et abaisser de moitié le seuil du placement privé.

"Plusieurs introductions, de taille relativement modeste, ont eu lieu sur nos marchés depuis le début de l'année. Pour le deuxième trimestre, nous avons déjà un bon nombre de candidats à la cotation, avec une demi-douzaine d'introductions prévues pour avril-mai", note Xavier Bommart.

Dernière en date, la société de biotechnologie Deinove a annoncé mercredi le lancement de son introduction en Bourse sur Alternext pour lever 12 millions d'euros dans une fourchette de 7,50 à 9,16 euros par action.

Autre biotech, Neovacs a aussi décidé de tenter sa chance pour lever 20 millions d'euros mais a prolongé de 15 jours, jusqu'au 14 avril, la période de souscription des titres offerts.

AB Science a quant à elle entamé les préparatifs d'une introduction en Bourse qui, selon des sources industrielle et de marché, pourrait se traduire par le placement de 50 millions d'euros.

LE CAPITAL RISQUE EN POINT DE MIRE

Si les sociétés de biotechnologie se montrent les plus actives, c'est notamment parce qu'elles sont suivies par des investisseurs spécialisés dans ce secteur. Euronext souhaite donc attirer les fonds spécialisés, et notamment les fonds de capital risque, en créant des indices dédiés.

L'opérateur discute avec des PME et l'EVCA (Evergreen venture capital association) pour relancer à l'échelle européenne les secteurs les plus liés au capital risque.

"Nous avons créé il y a deux ans un indice dédié aux sociétés de biotechnologie et nous étudions aujourd'hui la possibilité de créer un indice cleantech", précise Xavier Bommart, ajoutant qu'il vise les sociétés spécialisées dans les activités à forte composante écologique.

"Plusieurs fonds cleantech ont été créés récemment, ce qui, pour nous, est un signal positif", dit-il.

Après Next Biotech, indice des biotechs qui a progressé de 43,2% en 2009 et dont la capitalisation boursière pèse quelque 3,8 milliards d'euros, Euronext a lancé ce mois-ci l'indice "NYSE Alternext OSEO Innovation" pour les PME innovantes bénéficiant du label Oséo.

Avec Blaise Robinson, édité par Dominique Rodriguez