PARIS/WASHINGTON, 23 novembre (Reuters) - La France et l'Allemagne ont appelé mardi l'ensemble de leurs ressortissants présents en Ethiopie à quitter le pays sans délai pour des raisons de sécurité, alors que les Etats-Unis craignent que l'escalade militaire "alarmante" nuise aux progrès vers la tenue de discussions de paix entre les belligérants.

Dans une note publiée sur son site internet, le ministère français des Affaires étrangères a aussi déconseillé "formellement" tous les voyages vers l'Ethiopie ainsi que les transits par l'aéroport de la capitale éthiopienne Addis-Abeba, l'un des plus grands centres aéroportuaires d'Afrique.

A Berlin, le ministère des Affaires étrangères a indiqué pour sa part que les citoyens allemands pouvaient toujours effectuer des correspondances à l'aéroport international d'Addis-Abeba.

Le conflit entre les forces gouvernementales et les combattants du Front populaire de libération du Tigré (TPLF) a fait des milliers de morts depuis qu'il a éclaté en novembre 2020.

Face à l'escalade des affrontements, le gouvernement éthiopien a déclaré l'état d'urgence au début du mois, une première depuis février 2018.

Les "progrès naissants" réalisés pour amener les parties prenantes au conflit à la table des négociations sur un cessez-le-feu pourraient être pris de court par une escalade militaire "alarmante", a prévenu mardi l'émissaire spécial américain pour la Corne de l'Afrique.

S'exprimant devant des journalistes à Washington après être revenu lundi d'Ethiopie, Jeffrey Feltman a déclaré que les deux camps se pensaient sur le point de remporter une victoire militaire, ajoutant craindre que l'évolution de la situation sur le terrain menace la stabilité et l'unité du pays.

"Il y a des progrès naissants pour tenter de faire basculer les parties vers un processus de négociations. Mais ce qui nous préoccupe est que ce processus fragile risque d'être pris de vitesse par les développements inquiétants sur le terrain", a dit le représentant américain, qui a rencontré lors de son déplacement le Premier ministre Abiy Ahmed pour discuter d'une éventuelle sortie de crise par la voie diplomatique.

Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès du porte-parole du dirigeant éthiopien, ni du porte-parole du TPLF. (Reportage John Irish à Paris, Daphne Psaledakis et Simon Lewis à Washington, Joseph Nasr à Berlin; version française Myriam Rivet et Jean Terzian, édité par Jean-Michel Bélot et Jean-Stéphane Brosse)