WASHINGTON (Reuters) - Des élus démocrates de haut rang ont exclu dimanche la possibilité de remplacer le président Joe Biden comme le candidat investi par le parti pour l'élection présidentielle américaine de novembre, après la prestation chancelante de l'actuel locataire de la Maison blanche lors du premier débat organisé face au républicain Donald Trump jeudi dernier.

Alors que le camp démocrate a été abasourdi par les difficultés affichées par Joe Biden, 81 ans, lors du débat sur CNN face à son prédécesseur et rival Donald Trump, 78 ans, plusieurs cadres du parti ont rejeté avec fermeté l'hypothèse de choisir lors de leur convention nationale en août un autre candidat, plus jeune, pour le scrutin du 5 novembre.

Cette possibilité, objet de spéculations avant même le débat, est privilégiée depuis lors par un nombre croissant d'électeurs et d'observateurs. Une enquête d'opinion réalisée pour la chaîne CBS montre que le pourcentage d'électeurs démocrates souhaitant que Joe Biden ne soit pas le candidat du parti est grimpé de 36% à 46%.

"La regrettable vérité est que Biden doit se retirer de la course, pour le bien de la nation qu'il a servie si admirablement pendant un demi-siècle", a écrit The Atlanta Journal-Constitution (AJC), quotidien de la capitale de Géorgie, où se déroulait le débat. La Géorgie est considérée comme l'un des Etats décisifs pour l'élection présidentielle.

"L'ombre de la retraite est désormais nécessaire pour le président Biden", a ajouté l'AJC dans une tribune publiée dimanche.

Plusieurs élus démocrates de premier plan ont rejeté cette idée.

"Absolument pas", a réagi le sénateur de Géorgie, Raphael Warnock, considéré comme l'un des remplaçants potentiels de Joe Biden pour l'investiture du Parti démocrate. "Un mauvais débat, ça arrive", a-t-il déclaré lors de l'émission dominicale de NBC "Meet the Press".

"La question est: 'qui Donald Trump a-t-il jamais défendu, à part lui-même et les personnes comme lui ?' Je suis avec Joe Biden, et notre mission est de nous assurer qu'il passe la ligne d'arrivée en tête en novembre", a-t-il poursuivi.

"LE SEUL QUI PEUT BATTRE TRUMP"

Ces derniers jours, des voix s'étaient déjà élevées pour imputer la "contre-performance" de Joe Biden à un calendrier trop chargé en amont du débat et à des lacunes dans sa préparation, pointant du doigt la responsabilité de hauts conseillers de son équipe de campagne.

Joe Biden a passé dimanche la journée à Camp David, la résidence secondaire des présidents américains, en compagnie de membres de sa famille qui, d'après le New York Times, ont incité le dirigeant à ne pas se retirer de la course électorale et à continuer de se battre.

Selon le journal, citant des sources au fait de la question, des membres de son clan ont exprimé, en privé, leur exaspération à l'égard de la manière dont les conseillers de Joe Biden ont préparé celui-ci au débat face à Donald Trump.

Hakeem Jeffries, élu de la Chambre des représentants dont il pourrait devenir le 'speaker' l'an prochain si les démocrates parviennent à en prendre le contrôle en novembre, a admis que Joe Biden a connu un revers lors du débat, mais a ajouté que c'était pour "mieux revenir en force".

"Le moment dans lequel nous nous trouvons, c'est celui du 'comeback'", a-t-il déclaré sur MSNBC.

Joe Biden est "le seul démocrate qui peut battre Donald Trump", a dit pour sa part le sénateur du Delaware, Chris Coons, sur ABC.

Avec les appuis dont il dispose, Joe Biden est en mesure de décider lui-même de continuer sa campagne ou de finalement s'abstenir de briguer une réélection.

Reste que certains démocrates ont soulevé l'hypothèse de choisir un autre candidat pour l'élection présidentielle.

L'élu Jamie Raskin, voix influente des démocrates au Congrès, a déclaré que des conversations "très honnêtes, sérieuses et rigoureuses" se déroulaient au sein du parti.

"Que (Joe Biden) soit le candidat ou que quelqu'un d'autre soit le candidat, (Biden) sera le principal orateur à notre convention", a-t-il dit sur MSNBC. "Il sera la personnalité autour de laquelle nous allons nous rassembler pour aller de l'avant".

(David Morgan, Jarret Renshaw, Eric Beech, Tyler Clifford, Ted Hesson et David Brunnstrom; version française Jean Terzian)

par David Morgan et Jarrett Renshaw