Madrid (awp/afp) - L'inflation s'est une nouvelle fois fortement accélérée en Espagne en décembre, pour atteindre 6,7% sur un an, soit son niveau le plus élevé depuis mars 1992, selon une première estimation publiée jeudi par l'Institut national de la statistique (INE).

Cette hausse des prix record est une mauvaise nouvelle pour le gouvernement de gauche de Pedro Sanchez et ses mesures sociales qui risquent de fait d'être annulées par la perte de pouvoir d'achat provoquée par l'inflation.

Selon l'INE, cette augmentation, de plus d'un point de pourcentage par rapport au niveau du mois de novembre (5,5%), s'explique principalement par l'augmentation du prix de l'électricité et, dans "une moindre mesure", par celle du prix des produits alimentaires.

Les prix des carburants ont en revanche baissé, alors qu'ils avaient augmenté en décembre 2020.

Sur un mois, la progression de l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCA), qui permet les comparaisons avec les autres pays de la zone euro, s'est établie à 1,2%.

Mais l'inflation sous-jacente - qui ne tient pas compte de certains prix comme ceux de l'énergie - est de 2,1%, soit près de cinq points de pourcentage de moins que l'inflation générale, signe d'une évolution plus conjoncturelle que structurelle.

L'annonce de cette hausse record des prix est une douche froide pour l'exécutif qui vient de faire voter mardi par le parlement un budget 2022 marqué par un niveau de dépenses record et de nombreuses mesures sociales.

Mesures emblématiques

Ce budget de 240 milliards d'euros - financé à hauteur de 26,3 milliards par le méga-plan de relance européen - doit aider le pays à consolider une reprise plus lente que prévu en particulier dans le tourisme dont dépendent 13% des emplois dans le pays.

Il comprend plusieurs mesures emblématiques, comme la revalorisation des retraites et des salaires des fonctionnaires, qui augmenteront de 2% au 1er janvier, ainsi que des aides au logement pour les jeunes afin de lutter contre leur grande précarité.

Le leader de l'opposition de droite Pablo Casado, du Parti Populaire (PP), s'est empressé de dénoncer une inflation "insupportables pour les classes moyennes et populaires".

L'inflation a entamé un rebond en début d'année en Espagne comme dans le reste de l'Union européenne, après être restée en territoire négatif durant la majeure partie de l'année 2020 en raison de l'impact économique du confinement.

En zone euro, l'inflation a ainsi atteint 4,9% sur un an en novembre, soit un plus haut depuis l'introduction de la monnaie unique en 1999.

Selon la Banque centrale européenne, cette envolée est due à des circonstances exceptionnelles créées par la pandémie et appelées à s'estomper courant 2022.

Mi-décembre, la BCE a nettement relevé ses prévisions d'inflation en zone euro pour 2021 et 2022, en raison des prix de l'énergie et des pénuries dans l'industrie

Elle prévoit toutefois un retour sous les 2%, son objectif à moyen terme, dès 2023.

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