par Inmaculada Sanz

MADRID, 12 février (Reuters) - Le parti anti-austérité espagnol Podemos a tenté de surmonter ses conflits internes et de trouver une ligne commune lors de son congrès à Madrid qui a reconduit à sa tête Pablo Iglesias dimanche et réaffirmé son ancrage à gauche de la scène politique en Espagne.

La formation a réussi une spectaculaire percée électorale lors des législatives organisées en décembre 2015, obtenant un peu plus de 20% des voix dans un pays lassé par les mesures d'austérité.

Ces élections avaient laissé l'Espagne sans majorité claire alors que les conservateurs du Parti populaire (PP) et les socialistes du PSOE n'étaient ni les uns ni les autres en mesure de constituer un gouvernement de coalition. Le scrutin a marqué la fin du bipartisme dans lequel les deux formations se partageaient le pouvoir depuis 40 ans.

Mais des divergences sont apparues au sein du mouvement trois ans après sa création par Pablo Iglesias et plusieurs de ses amis, laissant craindre une scission.

Iglesias, 38 ans, a été confirmé dans son rôle de dirigeant par les militants face à son numéro deux, Inigo Errejon, 33 ans, le stratège de l'organisation et le meneur des campagnes électorales, qui prônait une position plus modérée afin d'élargir la base électorale du mouvement.

Lors de cette "assemblée citoyenne", les militants ont tenu à réaffirmer le fort ancrage à gauche du parti né des manifestations de rue lors de la crise financière en Espagne.

"Le changement est toujours dans l'air et aujourd'hui Podemos est plus fort et plus expérimenté", a commenté Iglesias face aux militants qui scandaient "unité, unité".

La rivalité entre Iglesias et Errejon a gagné les rangs de la hiérarchie du mouvement et le tandem à l'origine des succès électoraux semble désormais brisé. Au cours des dernières semaines, des démissions ont été enregistrées au sein de la direction, fragilisant le parti.

Depuis le retour du conservateur Mariano Rajoy aux affaires en octobre après une crise institutionnelle de plusieurs mois, Podemos nourrit l'ambition de devenir la véritable force d'opposition au gouvernement conservateur minoritaire.

De nombreux membres de l'organisation rechignent à la voir opérer une translation idéologique vers le centre du spectre politique afin de se rapprocher des positions du PSOE.

"Podemos doit se renforcer sur sa gauche", a affirmé Manuel Vidal, un chômeur de 52 ans, qui participait au congrès.

Ces divisions au sein de Podemos apparaissent au moment où Rajoy a, lui, renforcé son emprise sur le Parti populaire qui l'a reconduit à sa tête samedi soir pour un quatrième mandat depuis 2004.

(Inmaculada Sanz; Pierre Sérisier pour le service français)