PARIS, 12 janvier (Reuters) - Au moins un cinquième des dépenses de santé s'avèrent au mieux inefficaces ou au pire gaspillées et pourraient donc être réaffectées à des fins plus utiles, selon un rapport de l'OCDE présenté jeudi à la presse.

Ce chiffre - une estimation moyenne pour les 35 pays membres de l'Organisation de coopération et développement économiques - est qualifié d'"inquiétant" par les auteurs de cette étude, qui rappellent que les dépenses de santé sont par ailleurs soumises à des pressions haussières, liées au vieillissement de la population ou encore aux coûts croissants de l'innovation, notamment dans le domaine thérapeutique.

Autant de raisons pour que les pouvoirs publics accentuent la lutte contre le gaspillage, afin d'exploiter cette marge de manoeuvre non négligeable permettant de réduire les dépenses sans pénaliser l'état de santé de la population.

"Le gaspillage est omniprésent dans les systèmes de santé" au sein de l'OCDE, a déclaré Francesca Colombo, chef de la division Santé de l'OCDE, lors d'une présentation à des journalistes de ce rapport qui sera remis lundi à Paris aux ministres participant à un forum ministériel de l'OCDE consacré à l'avenir de la santé.

Les dépenses inutiles - sans valeur ajoutée pour le patient - relèvent évidemment du gaspillage. Sur le plan clinique, elles correspondent à des soins inadaptés (évènements indésirables évitables, césariennes ou examens d'imagerie non justifiés, surprescription d'antibiotiques).

Mais il faut aussi prendre en compte le gaspillage opérationnel, qui recouvre des dépenses nécessaires mais susceptibles d'être réalisées à moindre coût, a expliqué Agnès Couffinhal, économiste de la division Santé de l'OCDE ayant coordonné ce rapport. Entrent par exemple dans cette catégorie l'utilisation insuffisante des génériques et le recours aux urgences hospitalières inutiles ou évitable.

Les auteurs du rapport évoquent enfin le gaspillage lié à la gouvernance, dans lequel on retrouve le gaspillage administratif ainsi que les abus, fraudes et cas de corruption.

L'ampleur du phénomène justifie d'accentuer les efforts, même si "tous les pays de l'OCDE sont déjà engagés dans la lutte contre le gaspillage", a observé Francesca Colombo.

La lutte contre le gaspillage offre "de réelles possibilités de libérer des ressources", soulignent les auteurs du rapport en précisant qu'elle n'implique "pas nécessairement un remaniement en profondeur des systèmes de santé" mais suppose plutôt "d'investir et de changer les comportements".

Ils préconisent notamment d'améliorer l'information sur le gaspillage en publiant davantage d'indicateurs sur le sujet, mais aussi de changer les habitudes à la fois des patients et des professionnels de santé, par exemple par le biais de campagne d'information.

Ils soulignent enfin le rôle "essentiel" des incitations financières, invitant les décideurs à "instaurer un environnement qui récompense la pertinence des services dispensés plutôt que leur quantité".

Le rapport de l'OCDE:

http://bit.ly/2idIJDO (Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)