SHANGHAI, 1er novembre (Reuters) - L'Allemagne et la France prient la Chine de faire plus d'efforts pour que les entreprises européennes soient traitées sur un pied d'égalité avec les chinoises et de prendre des "mesures concrètes et systématiques", allant au-delà d'un ajustement des droits de douane, à cet égard.

Dans une tribune commune publiée jeudi dans le journal économique Caixin, les ambassadeurs de France et d'Allemagne en Chine déclarent que les entreprises européennes doivent jouir en Chine des mêmes opportunités que les sociétés chinoises en Europe.

L'article paraît à quelques jours d'une grande foire commerciale qui se tiendra à Shanghaï, l'occasion vraisemblablement pour Pékin de démontrer sa volonté d'aider à réduire les déficits commerciaux des autres et d'apaiser ceux qui s'inquiètent des pratiques commerciales de la Chine.

Mais pour certains, la China International Import Expo (CIIE), qui se tiendra du 5 au 10 novembre à Shanghaï, est une manifestation dont l'objet est bien plus politique qu'économique en période de tension commerciale avec les Etats-Unis.

L'ambassadeur français Jean-Maurice Ripert et l'ambassadeur allemand Clemens von Götze estiment eux que l'exposition tombe à point nommé pour démontrer la volonté d'ouverture et de réforme de la Chine, alors que les entreprises occidentales, appuyées par leurs gouvernements respectifs, se plaignent depuis longtemps d'une politique jugée discriminatoire et fermée à leur égard.

De fait, la fédération patronale allemande BDI appelle les entreprises à ne plus s'exposer autant au marché chinois, selon un document dont Reuters a pris connaissance et dont la version définitive doit être publiée en janvier.

La BDI, principal groupe de pression du secteur des affaires en Allemagne, juge que l'ouverture du marché chinois, longtemps promise, ne se produira pas et s'inquiète du contrôle croissant qu'exerce le parti communiste local sur la société et l'économie.

"Malgré l'attrait du marché chinois, il devient primordial pour les entreprises d'examiner de près les risques de leur engagement en Chine et de minimiser leur dépendance en diversifiant leur logistique, leurs sites de production et leurs marchés commerciaux", écrit la BDI dans ce document provisoire.

Mieux protéger le droit de la propriété intellectuelle, instaurer des procédures plus rapides et mieux fondées d'un point de vue scientifique pour les produits agricoles, abroger toutes les conditions suspensives des coentreprises et faire en sorte que les textes légaux gouvernant la cybersécurité ne créent pas de barrières ou de discriminations, telles sont les dispositions que Pékin doit prendre, selon les deux ambassadeurs.

Le ministre français de l'Agriculture, Didier Guillaume, et Christian Hirte, secrétaire d'Etat parlementaire du ministère allemand des Affaires économiques et de l'Energie, représentent leur pays respectif à la CIIE. (John Ruwitch Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Eric Faye)