Si « l’énergie a toujours été considérée comme un secteur cyclique », « cette situation a changé », ce qui fait que le secteur européen de l’énergie est de nouveau « attractif ». C’est ce qu’affirme Steve Smith, Deputy Fund Manager chez Invesco, dans une note publiée ce jour. Selon lui « la discipline capitalistique et les contraintes ESG » ont fait passer le secteur dans une nouvelle phase de son cycle d’investissement, conduisant à une période d’ « offre structurelle insuffisante » et d’ « amélioration de la position concurrentielle des sociétés pétrolières européennes ».

Si la limitation de l'offre par la Russie n'a pas aidé, le facteur clé des déséquilibres du marché pétrolier est " le sous-investissement conjugué à une demande résistante ". Qui plus est, dans la mesure où le secteur énergétique se positionne en vue d'une vie " après le pétrole ", le secteur peut être un moteur de la décarbonisation.

Les entreprises explorant et produisant du ‘vrai' pétrole pâtissent d'insuffisance de capital, tandis que le gaz de schiste souffre pour sa part d'un coût du capital plus élevé, après plusieurs formations et éclatements de bulles sur cycle court, et que les compagnies pétrolières nationales ont allégé leurs investissements en réponse aux faibles niveaux des matières premières. Parallèlement, les grandes compagnies pétrolières ont plafonné les investissements en hydrocarbures, et ce en réponse à des exigences ESG accrues.

Les analystes d'Invesco sont convaincus que " sur le marché du pétrole, le principal problème n'est pas la demande, mais le pic atteint par l'offre ".

La production des 15 super géants (représentant près de 15 % de la production mondiale de pétrole) a atteint un plafond. Alors qu' " un grand nombre d'investissements seront requis pour remplacer ces volumes à moyen terme ", " c'est l'opposé qui se produit ".

" Nous entrevoyons une croissance annuelle à deux chiffres de la demande mondiale d'énergie jusqu'à 2030 " affirme Invesco, soulignant que selon les prévisions actuelles, cette demande " ne sera pas satisfaite par la croissance de l'offre ". Les deux options possibles pour résoudre le problème sont premièrement d'accélérer encore davantage les énergies renouvelables et deuxièmement de " permettre une croissance de l'offre dans les carburants fossiles présentant la plus faible intensité carbone ". Invesco estime que le secteur européen de l'énergie " est désormais bien positionné pour opter pour ces deux options ".

" En raison de leur savoir-faire et de leur flexibilité financière, les compagnies pétrolières intégrées européennes sont bien positionnées pour contribuer à réduire une offre structurelle insuffisante des marchés de l'énergie " conclut l'analyste : elles le feront " en fournissant une combinaison d'énergie faible en carbone et d'énergie à base d'hydrocarbures ", aussi ces entreprises devraient-elles être " soutenues dans leurs parcours vers la transition plutôt que d'en être écartées ".