(Actualisation: déclarations de François Villeroy de Galhau concernant les effets de la politique monétaire de la BCE sur les banques)

Le gouverneur de la Banque de France s'est rendu mercredi outre-Rhin, où il a répondu, en allemand, aux vives critiques de Berlin vis-à-vis de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE).

François Villeroy de Galhau, qui est membre du conseil des gouverneurs de la BCE, y a rappelé les dangers de la déflation, tout en soulignant qu'il existait une limite aux taux d'intérêt négatifs.

Le banquier central a rejeté l'idée que la politique monétaire de la BCE relèverait d'une "lubie d'Europe du Sud", et affirmé que l'institution de Francfort s'engageait dans une politique "visant à assurer la stabilité des prix".

Evoquant des sujets d'inquiétude particulièrement vifs en Allemagne, François Villeroy de Galhau a estimé qu'une inflation trop élevée "aurait de redoutables conséquences pour l'économie. L'histoire allemande peut en témoigner". Mais "une inflation trop basse nous expose à la déflation, ce qui représenterait un immense danger, comme l'ont prouvé les années 1930".

L'Histoire donne raison aux banques centrales

Répondant en anglais aux critiques de son auditoire, François Villeroy de Galhau a déclaré que l'examen de la crise financière à partir d'un point de vue historique justifiait les politiques monétaires très vigoureuses menées par les grandes banques centrales.

"Si nous pensons que la BCE fait fausse route, ce qui est légitime, cela signifie que la Fed fait elle aussi fausse route, tout comme la BOE et la BOJ", a-t-il estimé, évoquant la Réserve fédérale américaine, la Banque d'Angleterre et la Banque du Japon. "Nous avions de la déflation dans les années 1930, mais nous n'en avons pas aujourd'hui parce que nous avons apporté une réponse différente en termes de politique monétaire".

Concernant les banques qui se plaignent que la politique de la BCE pèse sur leurs bénéfices, François Villeroy de Galhau a jugé qu'elles avaient une "curieuse tendance à oublier" d'autres aspects de la politique menée par la BCE qui leur sont favorables, comme les prêts de long terme accordés aux banques de la zone euro. Lorsque cette mesure a été introduite, on a reproché à la banque centrale de mener une politique "trop favorable aux banques", a-t-il rappelé.

Un bilan jusqu'ici positif pour les banques

"Si l'on regarde le tableau d'ensemble, les effets économiques de la politique monétaire sur la rentabilité des banques sont positifs, à l'échelle de la zone euro", a déclaré le banquier central.

"Nous devons examiner les conséquences potentielles que pourront avoir les taux d'intérêt négatifs sur la rentabilité des banques", a-t-il toutefois concédé.

Concernant le Brexit, le banquier central a déclaré que si le Royaume-Uni souhaitait conserver un accès au marché unique, il devait accepter les règles européennes. Il n'y aura ni menu à la carte ni cadeaux, a-t-il prévenu, passant à l'anglais.

-Todd Buell, The Wall Street Journal (Version française Emilie Palvadeau) ed: VLV - ECH