LE CAIRE, 11 avril (Reuters) - Le président égyptien Mohamed Morsi a promu jeudi plusieurs officiers égyptiens de haut rang et dénoncé une campagne de calomnie contre l'armée égyptienne après des révélations d'un journal britannique sur les violences dont elle se serait rendu coupable pendant la "révolution du Nil".

Selon le Guardian, Mohamed Morsi a enterré depuis janvier un rapport confidentiel d'une commission d'enquête qui recommandait l'ouverture de poursuites judiciaires contre les militaires responsables d'abus sous la présidence de Hosni Moubarak.

Sans se référer explicitement à cet article, ni citer de nom, l'agence officielle égyptienne Mena a annoncé la promotion d'officiers de haut rang dans l'armée de l'air, la marine et la défense aérienne.

Le président Morsi, issu des Frères musulmans, a pris cette décision au cours d'une réunion avec le Conseil militaire suprême destinée à "apaiser la situation et mettre fin au malaise des forces armées", dû à une "campagne de propagande", écrit Mena.

Selon l'article publié sur le site internet du Guardian, le rapport a établi que des officiers de l'armée avaient été impliqués dans des actes de torture, des disparitions et des meurtres de civils pendant les dix-huit jours du soulèvement contre Hosni Moubarak en janvier-février 2011 - des accusations déjà formulées par les opposants et les organisations des droits de l'homme.

Le rapport aurait également conclu que des médecins avaient reçu l'ordre d'opérer des manifestants sans anesthésie.

Condamné à la prison à vie l'an dernier, Hosni Moubarak sera rejugé à partir de samedi pour sa responsabilité dans la mort d'au moins 800 personnes pendant la révolution.

Le Conseil suprême des forces armées qui avait pris le contrôle de l'Egypte après la chute du "raïs" a transféré le pouvoir à Mohamed Morsi après son élection l'été dernier. L'une des garanties que demandaient les militaires pour retourner dans leurs casernes était, selon les analystes et les opposants, leur immunité pour tous leurs actes passés.

La Constitution adoptée en décembre à l'initiative des Frères musulmans stipule que seule l'armée est habilitée à enquêter sur ses propres membres et à les juger.

(Ulf Lässing; Tangi Salaün pour le service français)