* Snowden n'a pas embarqué comme prévu à bord d'un vol pour Cuba

* Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, le dit "en sécurité"

* L'Equateur, où il a demandé l'asile, lui a délivré un document de transit

* L'appel à la coopération des USA laisse Moscou sans réaction (Actualisé tout du long)

par Lidia Kelly et Katya Golubkova

MOSCOU, 24 juin (Reuters) - Edward Snowden, l'informaticien à l'origine des révélations sur le programme de cybersurveillance Prism, s'est volatilisé lundi en Russie, alors que Moscou fait la sourde oreille aux pressions américaines pour que le fugitif soit expulsé vers les Etats-Unis ou empêché de poursuivre son voyage.

Arrivé dimanche dans la capitale russe en provenance de Hong Kong, l'ancien consultant informatique de la National Security Agency (NSA) était enregistré sur la liste des passagers d'un vol de la compagnie russe Aeroflot à destination de Cuba qui a décollé comme prévu de l'aéroport Cheremetievo de Moscou à la mi-journée.

Mais Edward Snowden n'était pas à bord et la Maison blanche a estimé en fin d'après-midi que le fugitif le plus célèbre du moment était probablement "toujours en Russie".

Julian Assange, le fondateur du site WikiLeaks, spécialisé dans la diffusion de données confidentielles, qui l'aide dans ses démarches, a assuré peu après que l'informaticien américain était "en sécurité", sans préciser le lieu dans lequel il se trouverait. (voir )

"Edward Snowden a quitté Hong Kong le 23 juin à destination de l'Equateur via la Russie et d'autres Etats", a ajouté lors d'une conférence téléphonique Julian Assange, lui-même réfugié à l'ambassade d'Equateur à Londres depuis un an.

En visite au Viêtnam, le ministre équatorien des Affaires étrangères, Ricardo Patino, a jugé qu'Edward Snowden était "persécuté" et assuré que les principes des droits de l'homme seraient le principal critère d'examen de sa demande d'asile politique.

Le chef de la diplomatie équatorienne a promis une réponse "en temps voulu" à cette demande, en prenant en compte, a-t-il dit, la position du gouvernement américain sur la question.

"Nous allons examiner le cas Snowden de manière responsable et nous prendrons la décision que nous estimerons la meilleure en toute souveraineté", a indiqué pour sa part le président équatorien Rafael Correa via son compte Twitter.

LA MAISON BLANCHE FULMINE

Selon WikiLeaks, l'Equateur a d'ores et déjà octroyé un document de transit destiné aux réfugiés à l'informaticien américain, qui serait accompagné dans sa fuite par un avocat spécialisé travaillant pour le groupe.

Le périple rocambolesque d'Edward Snowden a provoqué la fureur de Washington, qui a prévenu lundi que la décision de Pékin de le laisser quitter le territoire chinois aurait "des conséquences sur les relations sino-américaines".

"C'était un choix délibéré de la part du gouvernement (chinois) de laisser partir un fugitif malgré l'existence d'un mandat d'arrêt international valide", a protesté le porte-parole de la Maison blanche, Jay Carney.

La fuite d'Edward Snowden constitue un revers diplomatique majeur pour Barack Obama, dont les tentatives de rapprochement avec Moscou et Pékin sont battues en brèche. ( )

Les Etats-Unis ne désespèrent pourtant pas de convaincre la Russie de leur livrer leur ressortissant. "Nous attendons du gouvernement russe qu'il envisage toutes les options disponibles pour expulser M. Snowden vers les Etats-Unis", a déclaré Caitlin Hayden, porte-parole de la NSA.

Pour toute réaction, le Kremlin a assuré n'avoir aucune information à son sujet. Prié de dire si les autorités russes étaient en contact avec lui, Dmitri Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine a répondu: "Nous n'avons pas cette information, nous n'avons pas d'information le concernant."

Le député russe Alexeï Pouchkov, président de la commission des Affaires étrangères de la Douma d'Etat, a quant à lui estimé que rien ne plaidait en faveur de la coopération compte tenu de l'état des relations bilatérales entre Moscou et Washington.

"Nos liens sont dans une phase plutôt compliquée et dans ce contexte, (....), comment les Etats-Unis peuvent-ils s'attendre à de la retenue et à de la compréhension de la part de la Russie?", a-t-il ajouté. (avec Gabriela Baczynska et Alexei Anishchuk à Moscou, Martin Petty à Hanoi, et les rédactions de Reuters à Hong Kong, Caracas, Quito et Washington; Henri-Pierre André, Jean-Philippe Lefief et Tangi Salaün pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)