par Carmel Crimmins et John O'Donnell

Les écarts de rendements entre les emprunts d'Etat irlandais et les titres allemands de référence ont atteint de nouveaux plus hauts, dans un contexte général marqué par un regain d'inquiétude sur la solidité du système bancaire, alors que Dublin s'efforce d'aboutir à un accord avec la Commission européenne sur l'avenir de la banque nationalisée Anglo Irish Bank .

Dublin a sauvé l'établissement de la faillite il y a deux ans en pleine crise financière et la garantie accordée sur les engagements des banques a alors été étendue à l'ensemble du secteur.

Le ministre irlandais des Finances, Brian Lenihan, a expliqué mardi que cette garantie resterait en vigueur jusqu'à la fin de l'année pour les engagements à court terme.

L'Irlande étant une nouvelle fois au centre des préoccupations sur le secteur bancaire européen, certains observateurs craignaient de voir les entreprises, notamment, retirer massivement leurs dépôts des banques irlandaises si la garantie expirait, comme il était prévu jusqu'à présent, à la fin de ce mois.

"Nous ne voulons pas voir le système financier irlandais au bord du gouffre le 30 septembre", a déclaré Brian Lenihan à des journalistes après une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles.

Pour les analystes, la prolongation de la garantie ne résout pas le problème de fond du système bancaire irlandais mais elle assure un répit avant la période cruciale durant laquelle les banques devront refinancer quelque 26 milliards d'euros de financements.

"PROBLÈME GÉRABLE"

"Les spreads obligataires irlandais ont atteint un record historique dans l'histoire de l'euro et je ne crois vraiment pas que ce soit le moment de priver le système financier du moindre soutien", a commenté Eoin Fahy, chef économiste de KBC Asset Management.

La prolongation de la garantie, annoncée après la fermeture de la Bourse de Dublin, devrait faciliter le retour sur le marché de la dette d'Allied Irish Banks et surtout de Bank of Ireland lors des semaines à venir.

Le Premier ministre irlandais, Brian Cowen, a assuré mardi que la situation économique du pays était gérable.

"Il est certain que nous devons traiter le problème, que nous considérons comme gérable. Il y a des turbulences sur les marchés obligataires internationaux depuis un certain temps mais le sentiment connaît des hauts et des bas", a-t-il dit à des journalistes.

L'écart entre les rendements des obligations d'Etat à 10 ans irlandaises et allemandes a culminé à 389 points de base, son plus haut niveau depuis la création de l'euro et le rendement irlandais a bondi de plus de 30 points de base, dépassant 6%.

Cette envolée des rendements risque de rendre plus coûteux le refinancement des dettes des banques irlandaises au cours des prochaines semaines.

Pour les analystes, cette hausse paraît exagérée mais elle n'en risque pas moins d'accroître la pression sur le gouvernement irlandais et sur la Commission européenne pour conclure rapidement un accord sur Anglo Irish Bank.

Il semble de plus en plus probable que le gouvernement de Dublin se résoudra à démanteler l'établissement.

L'Etat irlandais, lui, a pratiquement bouclé son programme d'emprunts 2010, ce qui pourrait faciliter la tâche du gouvernement.

"Il est certain qu'il est important que le dossier Anglo soit réglé avant la fin de l'année et aussi que l'on dispose d'un projet de budget crédible le 7 décembre, afin que le programme de financement de l'an prochain ne rencontre pas d'obstacles", estime Oliver Mangan, chef économiste d'AIB Global Treasury.

Avec la contribution de Padraic Halpin, Marc Angrand pour le service français, édité par Gilles Guillaume