(Répétition sans changement d'une dépêche transmise dimanche)

par Francesco Canepa

FRANCFORT, 18 juillet (Reuters) - Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), priera sans doute les pays de la zone euro de faire davantage pour stimuler la croissance économique en réformant plus, surtout après que les Britanniques eurent décidé de quitter l'Union européenne (UE), mais son appel risque une fois de plus de rester lettre morte.

La BCE tient sa réunion de politique monétaire jeudi, la dernière avant la pause estivale, et il est probable qu'elle laissera cette dernière en l'état.

L'Allemagne est le seul pays disposant de finances publiques suffisamment solides pour relancer la croissance mais elle ne semble pas disposée à grever son excédent budgétaire pour injecter plus d'argent au niveau non plus national mais européen.

"Nous craignons, de ce fait, que les appels de M. Draghi à desserrer les cordons de la Bourse ne soient pas entendus, pour l'instant du moins", écrivent des économistes de BNP Paribas, ajoutant que pour l'heure il appartient à la BCE de gérer l'après-Brexit, cette dernière étant cependant consciente de disposer de moins en moins de solutions pour ce faire.

La solution d'une plus grande mobilisation des Trésors publics est de plus en plus plébiscitée, en témoignent les interventions récentes du secrétaire général de l'OCDE Angel Gurria et de l'investisseur George Soros, et la baisse des rendements de plusieurs dettes souveraines est une invitation à augmenter l'investissement public, disent certains économistes.

Mais l'Europe ne semble pas devoir assouplir le principe de l'orthodoxie budgétaire puisque les ministres des Finances de l'UE ont comme prévu avalisé mardi dernier l'ouverture d'une procédure de sanction pour déficits excessifs contre l'Espagne et le Portugal, même si la sanction en question risque d'être purement symbolique.

DES ANNONCES CET AUTOMNE

La question de l'efficacité et de la durabilité de la politique monétaire actuellement poursuivie et la situation des banques italiennes sont deux autres questions épineuses auxquelles Mario Draghi devra s'efforcer d'apporter des réponses.

Depuis le référendum britannique du 23 juin, les anticipations d'inflation et les rendements obligataires allemands sont déprimés et les marchés en déduisent que la BCE devra peut-être prolonger son programme de rachat d'actifs dit d'assouplissement quantitatif (QE), au risque de se retrouver à court d'obligations à ramener dans son bilan.

Mais il est probable qu'elle s'abstiendra de la moindre initiative avant que les dernières prévisions d'inflation ne soient rendues publiques, à l'occasion de sa réunion monétaire du 8 septembre, s'appuyant sur le fait que les marchés financiers se sont promptement remis du premier choc post-Brexit.

Les économistes pensent toutefois que la BCE annoncera dès cet automne que son programme de rachats mensuels de 80 milliards d'euros d'actifs se poursuivra au-delà de la date d'arrêt prévue de mars 2017. Les modalités techniques des rachats seraient également modifiées pour apaiser les craintes d'un assèchement du gisement de titres récupérables, les obligations allemandes en particulier.

La solution la plus évidente serait de supprimer une clause plafonnant à 33% le montant de chaque emprunt que la BCE peut racheter, pour autant qu'il ne comporte pas une Clause d'action collective (CAC). Si une CAC existe, le plafond est de 25%, l'institut d'émission voulant ainsi éviter d'être un obstacle à toute restructuration de dette.

Il reste enfin un secteur bancaire italien qui ploie sous 360 milliards d'euros de créances douteuses et irrécouvrables et qui est régulièrement sanctionné pour cela en Bourse.

Le gouvernement du président du Conseil Matteo Renzi a engagé des discussions avec les autorités européennes pour tenter de lui porter secours sans s'exposer à des sanctions pour aides d'Etat illicites.

La BCE, chargée de la supervision du secteur bancaire de l'ensemble de la zone euro, a fait de la réduction des créances douteuses l'une de ses priorités cette année, ce qui a conduit les marchés à craindre que certaines banques ne soient forcées de brader en urgence une partie de leurs portefeuilles de prêts.

"Il ne semble pas que (Draghi) puisse autant apaiser les craintes qu'il l'avait fait en janvier de cette année", écrivent des économistes de Société Générale.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français)