* "Nous sommes dans une situation très grave", dit Draghi

* Les opérations à 3 ans de la BCE fonctionnent

* Les efforts de consolidation budgétaire sont "encourageants" (Actualisé avec nouvelles déclarations aux deux derniers §§)

STRASBOURG, 16 janvier (Reuters) - L'Europe se trouve dans une situation économique "très grave", a déclaré lundi le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi, s'exprimant en tant que président du Conseil européen du risque systémique (Cers).

"Nous sommes dans une situation très grave, il ne faut pas se voiler la face", a-t-il dit devant la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen.

"Durant les tout derniers mois de 2011, l'incertitude sur la durabilité de certains souverains et sur la résistance du système financier, combinée à des perspectives de croissance sombres, ont débouché sur de sérieuses perturbations du fonctionnement normal des marchés financiers et de l'économie réelle. Tentant de contrecarrer cette évolution, les responsables monétaires et financiers ont agi".

Mario Draghi a également dit que l'opération à trois ans de la BCE, qui a permis d'injecter près de 500 milliards d'euros dans le système bancaire, "a fonctionné et continue de fonctionner".

La BCE a lancé cet appel d'offres à trois ans en décembre, permettant aux banques de récupérer 489 milliards d'euros de financement, un montant sans précédent. Une autre opération à trois ans sera lancée en février.

Mario Draghi a également observé que les marchés semblaient avoir anticipé les déclassements en série de pays de la zone euro annoncés vendredi dernier par l'agence de notation Standard & Poor's, et ajusté les prix des actifs en conséquence.

Le président de la BCE et patron du Cers a également noté que les pays européens progressaient bien dans la réduction de leurs déficits budgétaires et devaient persévérer dans la voie de la consolidation des finances publiques.

"Nous n'avons pas encore tous les résultats qu'on peut en attendre mais c'est encourageant. Les pays ont montré de la volonté et de la détermination", a-t-il dit, ajoutant que la croissance et la création d'emploi devenaient, à l'exemple de la consolidation budgétaire, des objectifs majeurs.

Mario Draghi a enfin déclaré que la BCE ferait le maximum pour juguler la crise de la dette sans pour autant déroger à ses règles.

Il a également estimé que l'usage massif de la facilité de dépôt à 24 heures de la banque centrale - à hauteur d'un montant sans précédent de 493 milliards d'euros lundi - n'impliquait pas que ses mesures de liquidité ne portaient pas leurs fruits dans l'économie en général. (Claire Davenport et Sakari Suoninen, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Gilles Guillaume)