Comme les marchés d'actions, la monnaie unique européenne subissait des prises de bénéfices face au billet ce midi sur le marché des changes. La poussière liée à l'accord budgétaire américain étant retombée, l'heure n'est plus à l'euphorie, mais aux comptes et aux doutes. Peu avant 13 heures 30, l'euro cède ainsi 0,75% à 1,3091 dollar ainsi que 0,89% à 113,70 yens, 0,09% à 0,8108 livre et 0,09% contre le franc suisse à 1,2090.

A la lumière de l'accord budgétaire partiel désormais ratifié par le président Obama, nombre de spécialistes ont fait le point ce matin. Le ton ouvertement optimiste de la veille a fait place à une certaine circonspection, ce qui favorise les devises jugées les plus sûres ou du moins les plus liquides, comme le dollar US et le yen.

Hier, le directeur des relations extérieures du Fonds monétaire international (FMI), Gerry Rice, a lui aussi salué l'accord budgétaire US. Mais il a ajouté qu''il faudra faire encore davantage pour remettre les finances publiques américaines sur le chemin de la soutenabilité sans pénaliser une reprise encore fragile'. M. Rice a également jugé 'crucial' que le plafond de la dette fédérale, qui est actuellement légalement de 16.400 milliards de dollars environ et est en voie d'être dépassé, soit relevé aussitôt que possible.

Plusieurs bureaux d'études s'inquiètent, eux, de l'impact des mesures fiscales sur le dynamisme de l'économie US. Selon Crédit Suisse, le débat budgétaire US se décompose en cinq parties distinctes : en premier lieu, les baisses d'impôts de l'administration Bush, prolongées pour la plupart par l'accord ; en deuxième lieu, les réductions automatiques de dépenses, sujet sur lequel la décision a été reportée de deux mois ; en troisième lieu, le relèvement du plafond de la dette fédérale, qui sera nécessaire d'ici fin février ('si ce plafond n'était pas relevé, les Etats-Unis feraient in fine défaut sur leurs paiements', avertit la note de recherche) ; et en cinquième lieu, le renouvellement des lois d'exécution budgétaires.

Ainsi donc, calculent les analystes, au final, le début de consolidation budgétaire américain devrait pénaliser la croissance du PIB US de 0,8 point de pourcentage cette année. 'Si les réductions automatiques de dépenses étaient mises en oeuvres, la croissance serait pénalisée de 0,5 point de croissance de plus', calcule Crédit Suisse. 'Mais le secteur privé est en bonne forme aux Etats-Unis', indiquent-ils.

Bref, au final, la croissance du PIB des Etats-Unis serait de “2% environ” en 2013, calcule Crédit Suisse, chiffre qui serait ramené à 1,5% en cas de réduction automatique des dépenses.

Chez BlackRock, le commentaire du stratégiste en chef, Russ Koesterich, n'était guère plus amène : 'cet accord de la 11ème heure est mieux que rien... Mais sa portée est limitée et les nouvelles négociations qui s'annoncent vont probablement se traduire par davantage de volatilité sur les marchés financiers.'

BlackRock partage d'ailleurs les doutes de Crédit Suisse sur la conjoncture US : 'nous nous attendons à un rebond de la croissance dans le courant l'année. Mais dans l'ensemble, il nous semble peu probable qu'elle dépasse en 2013 la barre des 2%, ce qui avait été le cas nombre des années précédentes'.

Ces prévisions se comparent à celles formulées par la Fed en décembre dernier : la banque centrale US, elle, tablait alors en 2013 sur une croissance comprise entre 2,3 et 3%.

Dans un tel contexte, les marchés ne réagissent guère à des données encourageantes sur le front de l'emploi : le nombre de chômeurs en Espagne a enregistré un retrait de 1,2% au mois de décembre, soit environ 59.100 demandeurs d'emplois de moins.

En Allemagne, le nombre de chômeurs a augmenté de 3.000 le mois dernier (hors variations saisonnières), mais cette progression s'avère inférieure au consensus (+10.000) et au pronostic de Natixis (+5.000).

Natixis demeure d'ailleurs relativement optimiste concernant 2013. S'il anticipe une poursuite de la très légère hausse du chômage allemand au premier trimestre, il s'attend à une stabilisation du marché du travail par la suite.

La journée sera aussi placée sous le signe de l'emploi aux Etats-Unis, où sera dévoilée la dernière enquête ADP sur l'emploi privé en décembre, avant les inscriptions hebdomadaires aux allocations chômage.


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