Mercredi midi sur le marché des changes, la monnaie unique européenne se tenait prudemment sur son quant-à-soi face à ses contreparties américaine (+ 0,02% à 1,0894 dollar) et japonaise (+ 0,06% à 127,44 yens) à proximité immédiate de la première réunion de la BCE pour l'année 2016. A en croire les cambistes, les attentes sont basses.

Les mouvements étaient un peu plus prononcés face au sterling (+ 0,29% à 0,7697 livre) et au franc suisse (0,14% à 1,0958 franc l'euro).

Traditionnellement, la plupart des analystes considèrent que les rachats d'actifs obligataires en masse menés par les banques centrales (la Fed entre 2008 et 2014, puis la BCE depuis 2015 au rythme de 60 milliards d'euros par mois) sont censés jouer en faveur des actions : en effet, ceux qui se défont d'obligations en les vendant à la BCE peuvent affecter les fonds qu'ils en retirent à d'autres placements, par exemple les actions. Les rachats des banques centrales tirent aussi quasi-mécaniquement les taux d'intérêt rémunérant les obligations vers le bas, ce qui peut susciter un intérêt pour les actions.

Mais depuis le début de l'année, pratiquement tous les indices du Vieux Continent sont en baisse, du FTSE Mib italien (- 15%) au DAX allemand (- 12,6%) au FTSE 100 britannique (- 8,8%). Ce qui signale aussi la défiance des investisseurs alors que les perspectives de croissance mondiale sont revues à la baisse, d'autant que la chute interminable du cours du pétrole plombe les capacités financières des pays producteurs.

Rappelons que la BCE avait, lors de sa réunion du 3 décembre dernier, déçu les marchés d'actions en n'annonçant pas suffisamment de nouvelles mesures au goût des investisseurs. Ces derniers tablaient notamment sur une hausse du montant mensuel de rachats d'actifs, qui est resté stable à 60 milliards d'euros par mois.

Depuis lors, les conditions se sont fortement dégradées sur les marchés financiers du monde entier. Cependant, on ne peut pas en dire autant de la macro-économie européenne surveillée de près par la BCE. Les derniers chiffres ne sont pas mauvais, au contraire. L'Europe et notamment la zone euro ne sont-elles pas les seules régions dont la prévision de croissance 2016 a été relevée par le Fonds monétaire international (FMI) ? Et ce alors que le Fonds abaissait ses prévisions globales en ciblant notamment les émergents et les Etats-Unis...

Comme le résumaient hier les analystes de Barclays Bourse, 'les espoirs en provenance de la BCE demain semblent très minces'.

Pour XTB France, “”la BCE a relativement peu de marge de manoeuvre pour cette nouvelle conférence de presse : Draghi ne devrait pas se lancer dans un grand nombre d'annonces concrètes. Contrairement à la réunion de début décembre, les opérateurs n'attendent pas grand-chose de cette nouvelle conférence de presse.”

Et l'analyste de poursuivre : “Draghi n'a plus vraiment le choix. Annoncer de nouvelles mesures fortes décrédibiliserait la BCE après la salve présentée début décembre. Mais surtout, une telle décision réduirait d'autant les capacités de la banque centrale européenne en puisant dans ses quelques rares munitions”.

Pire, selon FXCM : 'la Bourse a de nouveau de (trop) fortes attentes vis-à-vis de la BCE', affirmait hier le courtier. A suivre...

Selon les cambistes de Société Générale, Mario Draghi 'devrait se montrer assez accommodant. Une absence d'inflation, et la perspective de voir les prix baisser encore dans le sillage de l'or noir lui donneront les 'munitions' nécessaires pour se montrer 'colombe'. Ce qui donnera aussi à la BCE une marge de manoeuvre pour assouplir encore, en temps voulu, sa politique monétaire. Mais jusqu'à présent en cette année 2016, les statistiques économiques de la zone euro relève de l'oasis de calme au beau milieu de la tempête'.

EG



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