Paris (awp/afp) - Les rendements des emprunts souverains grimpaient jeudi après que la présidente de la Banque centrale européenne a musclé son discours pour agir contre l'inflation, ouvrant la voie à un possible relèvement des taux directeurs cette année.

"La situation a effectivement changé", a reconnu Christine Lagarde au cours d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion de politique monétaire de la BCE, et "nous allons utiliser tous les outils et les options pour répondre à cette situation".

Mme Lagarde a admis que l'inflation resterait élevée "plus longtemps que prévu, mais devrait baisser" dans le courant de l'année.

Le taux d'inflation dans la zone euro a battu un nouveau record en janvier, à 5,1% sur un an, un niveau historique qui dépasse très largement le consensus et les anticipations d'inflation de la BCE.

"Nous devons continuer à surveiller la situation sur la base des données et ensuite, nous aurons à prendre une décision", a ajouté la responsable de l'institution. "Nous aurons plus de certitudes lors de notre réunion de mars", a-t-elle estimé.

Jusqu'ici, la BCE excluait une hausse des taux au cours de l'année 2022, des propos que Christine Lagarde n'a pas réitérés cette fois.

"Christine Lagarde a laissé la porte ouverte à toutes les options possibles pour 2022. C'est donc possiblement le début d'un revirement monétaire", commente Nicolas Forest, responsable de la gestion obligataire à Candriam.

"Le mimétisme pourrait donc finalement pousser la BCE à sortir de son isolement monétaire", selon lui, alors que plusieurs banques centrales ont pris de l'avance sur la BCE en entamant leur resserrement monétaire et que la Réserve fédérale américaine a préparé les marchés financiers à un premier relèvement des taux directeurs américains en mars.

Les taux d'emprunt des pays de la zone euro se tendaient significativement à la suite de ce changement de ton, atteignant des plus hauts depuis mai ou juin 2020 pour les rendements des pays du sud de l'Europe.

Le taux à 10 ans de l'Allemagne, qui fait référence en Europe, grimpait à 0,13% vers 15H05 GMT contre 0,04% la veille sur le marché secondaire où s'échange la dette déjà émise.

De son côté, le taux de la France se tendait à 0,56% (contre 0,45%).

De même, le taux de l'Espagne progressait à 0,92% (contre 0,79%), tout comme celui de l'Italie à 1,60% (contre 1,42%).

La BCE a maintenu jeudi ses taux à des niveaux historiquement bas et confirmé une baisse graduelle de ses rachats nets d'actifs.

La Banque d'Angleterre (BoE) a annoncé de son côté une nouvelle hausse de son taux directeur de 25 points à 0,5% pour faire face à un pic d'inflation en trente ans au Royaume-Uni. Le rendement de l'emprunt britannique à dix ans décollait à 1,37% (contre 1,26%) vers 15H00 GMT.

afp/rp