par Valerie Volcovici et Alister Doyle

LIMA, 13 décembre (Reuters) - La conférence de l'Onu sur le climat, prolongée d'une journée à Lima, a donné lieu samedi à un accrochage de dernière minute entre Américains et Chinois, ces derniers rejetant un projet de compromis que Pékin juge trop exigeant pour les pays pauvres.

"Il nous faut parvenir à un consensus ici à Lima mais vu la situation nous constatons que nous sommes dans une impasse", a déclaré le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Liu Zhenmin, aux délégués des 190 pays qui recherchent un accord sur les moyens de lutter contre le réchauffement climatique.

L'envoyé américain Todd Stern a exhorté tous les participants à accepter le texte de compromis, soulignant qu'un échec à Lima serait considéré comme un "grave revers" qui menacerait la conférence de Paris de décembre 2015 et mettrait en cause la crédibilité des Nations unies sur ce dossier du changement climatique.

"Nous n'avons pas le temps de nous lancer dans de nouvelles négociations interminables, nous le savons tous. Le temps presse", a-t-il dit.

L'Union européenne, la Russie et d'autres pays développés ont accepté le texte de compromis fixant les mesures à prendre par tous les participants avant le sommet de Paris.

Mais de nombreux pays en voie de développement ont estimé que cet accord ne réclamait pas assez d'efforts aux nations riches, notamment sur le financement de la lutte contre le réchauffement et sur le mécanisme de compensation censé faire face aux conséquences de ce réchauffement -- tempêtes, inondations, élévation du niveau des mers.

"IL FAUT DE LA SOUPLESSE"

"Ce texte a besoin d'une petite chirurgie", a déclaré Ian Fry, délégué de l'île de Tuvalu, dans le Pacifique. Des pays africains et des membres de l'Opep se sont également opposés au compromis proposé.

Le ministre péruvien de l'Environnement, Manuel Pulgar-Vidal, a appelé les participants à s'entendre. "Nous sommes très près d'un accord. Il faut de la souplesse. Continuons à travailler", a-t-il dit.

Le projet de compromis exprime de "graves inquiétudes" et estime insuffisantes les mesures qui visent à limiter la hausse moyenne des températures dans le monde à deux degrés Celsius.

Même si cette conférence de Lima débouche sur un accord a minima, elle laissera à celle de Paris le soin de régler les dossiers essentiels.

"Nous repoussons les gros dossiers à Paris" a déclaré un délégué lors d'une pause entre des discussions consacrées aux moyens d'éviter les inondations, les vagues de chaleurs, la sécheresse et la hausse du niveau des mers.

Lors de ce rendez-vous parisien devrait être conclu un premier accord universel et contraignant sur le climat pour limiter la hausse de la température globale après 2020. Le protocole de Kyoto, négocié en 1997, ne fixait d'objectifs quantifiés qu'aux seuls pays développés.

L'an dernier, les pays concernés s'étaient engagés à rendre publics leurs objectifs au moins six mois avant cette Cop-21 à Paris, la 21e conférence des parties à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques.

A Lima, les débats de la Cop-20 s'étaient engagés au début du mois sur une dynamique positive après l'annonce par les Etats-Unis, la Chine et l'Union européenne d'objectifs concrets de réduction des émissions de gaz à effet de serre. (Nicolas Delame et Guy Kerivel pour le service français)