FRANCFORT/LONDRES, 16 août (Reuters) - Les violences en Egypte ont conduit vendredi plusieurs tour-opérateurs européens à annuler pour un mois tous les séjours sur place, certains pays déconseillant désormais à leurs ressortissants d'éviter les stations balnéaires de la mer Rouge et plus seulement les grandes villes.

De nouveaux affrontements meurtriers ont eu lieu au Caire et dans d'autres villes d'Egypte ce vendredi, décrété "jour de la colère" par les Frères musulmans, faisant plusieurs dizaines de morts selon des bilans provisoires. (voir )

En Allemagne, Thomas Cook et la filiale locale de TUI, tous deux contrôlés par TUI Travel , le numéro un européen du secteur, ont pris la décision d'annuler purement et simplement tous les départs vers l'Egypte jusqu'au 15 septembre.

Quelques heures auparavant, le ministère allemand des Affaires étrangères avait conseillé d'éviter les stations balnéaires égyptiennes de la mer Rouge, comme Charm el Cheikh et Hurghada, qui attirent chaque année environ 1,2 million de touristes allemands.

Berlin n'est cependant pas allé jusqu'à émettre un avertissement général qui conduirait à l'évacuation des touristes déjà sur place.

Thomas Cook et TUI Allemagne expliquent que leurs clients pourront réserver d'autres destinations sans surcoût. L'Egypte figure parmi les 10 principales destinations pour les clients des deux sociétés mais elle est plus prisée en hiver qu'en été.

La Suède a émis des recommandations équivalentes à celles de l'Allemagne, ce qui a conduit les tour-opérateurs du pays à interrompre les départs vers Charm el Cheikh, à 400 kilomètres du Caire, et vers Hurghada.

De son côté, la France déconseille tout voyage en Egypte jusqu'à nouvel ordre et le consulat au Caire a demandé aux ressortissants français de limiter leurs déplacements et de respecter scrupuleusement les horaires du couvre-feu en vigueur depuis mercredi.

Le tour-opérateur suisse Kuoni a expliqué qu'il prenait contact avec tous les clients britanniques censés partir pour l'Egypte au cours des trois prochaines semaines, afin de leur proposer une autre destination ou un remboursement de leur séjour.

HURGHADA RESTE CALME

La dégradation de la situation sur place ces derniers jours, après la décision du pouvoir militaire d'évacuer les campements installés dans la capitale par la confrérie islamiste, porte un nouveau coup au secteur du tourisme, qui a déjà souffert de deux ans d'instabilité politique après le renversement d'Hosni Moubarak.

Jusqu'à présent, la demande de séjours dans les stations de la mer Rouge, relativement isolées, restait à peu près stable mais les nouveaux avertissements pourrait la faire baisser.

"Quelque chose comme 10% de nos réservations ont été annulées", a déclaré à Reuters par téléphone Mohammed el Charbagui, propriétaire d'un centre de plongée à Hurghada.

"La plupart des événements se passent à 600 kilomètres d'ici, au Caire et à Alexandrie, mais les gens ne s'en rendent pas compte", a-t-il ajouté. "Le centre d'Hurghada est tout à fait tranquille. Tout ce que j'ai vu aujourd'hui, ce sont des gens et des policiers assis ensemble pour protéger l'église."

L'Egypte avait attiré au total 14,7 millions de touristes en 2010, dont 2,8 millions de Russes, 1,5 million de Britanniques et 1,3 million d'Allemands selon les chiffres de l'OCDE.

Il y a trois ans, le secteur représentait à lui seul 11% du produit intérieur brut (PIB) selon l'Association mondiale du tourisme.

Mais le nombre de touristes a chuté à 9,5 millions en 2011, avant de remonter à 11,2 millions l'an dernier. Sur les cinq premiers mois de cette année, le nombre de visiteurs a progressé de 12% par rapport à la période correspondante de 2012.

La Russie a demandé à ses ressortissants de ne pas se rendre en Egypte et l'agence nationale du tourisme a conseillé aux tour-opérateurs du pays de ne plus faire la promotion des destinations égyptiennes. (Victoria Bryan et Belinda Goldsmith, Marc Angrand pour le service français, édité par Dominique Rodriguez)