* 4.500 camions selon l'OTRE, 2.200 selon l'Intérieur

* Perturbations dans de nombreuses régions françaises

* Pas encore de date pour l'entrée en vigueur de la taxe (Actualisé avec nouveau point des perturbations)

PARIS, 30 novembre (Reuters) - Des milliers de transporteurs routiers perturbaient le trafic samedi en France pour obtenir l'annulation complète de l'écotaxe, suspendue par le gouvernement devant la fronde des opposants.

L'Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE), à l'origine des manifestations, a annoncé 26 barrages filtrants sur tout le territoire et 4.500 camions participants. Le ministère de l'Intérieur a quant à lui recensé 2.200 camions.

"On avait demandé l'annulation de l'écotaxe mais on a seulement obtenu un engagement de Stéphane Le Foll qu'elle ne serait pas mise en place avant janvier 2015", a déploré Vincent Tardet, responsable de l'OTRE en Poitou-Charentes.

"Tant que cette mesure ne sera pas annulée, nous resterons mobilisés", a-t-il ajouté.

Devant la montée de manifestations parfois violentes, notamment en Bretagne, le gouvernement a différé l'entrée en vigueur de cette taxe, prévue à l'origine début 2014.

Les services du Premier ministre ont précisé que le nouveau calendrier n'était pas arrêté, alors que le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, avait laissé entendre qu'elle n'entrerait pas en vigueur avant 2015. (voir )

En Ile-de-France, le Centre national d'information routière a fait état de ralentissements très importants dans l'après-midi sur l'A1, l'A4 et l'A6, en raison selon les cas d'une opération "escargot" ou d'un barrage filtrant.

Des perturbations ont été recensées dans de nombreuses autres régions.

DANS L'ATTENTE DE LA MISSION PARLEMENTAIRE

A Aix-en-Provence, une centaine de poids-lourds ont occupé l'échangeur entre les autoroutes A8 et A51, passage obligé entre l'Italie et l'Espagne et voie empruntée pour rejoindre l'autoroute A7 et le nord de l'Europe à partir du Sud-est.

Les transporteurs ont laissé une voie libre à la circulation mais interdisaient le passage des camions étrangers en transit entre l'Italie et l'Espagne. Ces derniers étaient immobilisés sur des aires de stockage, vraisemblablement jusqu'à la fin de la manifestation prévue à 19h00 (18h00 GMT).

A Bordeaux, 300 à 400 camions ont bloqué l'entrée nord de l'agglomération, tandis qu'au Pays basque, une centaine de camions bloquaient la circulation dans les deux sens sur l'A64 à hauteur d'Anglet, ne laissant qu'une voie pour les voitures.

Le gouvernement attend les résultats d'une mission parlementaire pour décider quand la taxe, qui doit financer les infrastructures ferroviaires et fluviales, entrera en vigueur.

Son gel devrait peser sur les finances publiques. L'Etat a confié la collecte de la taxe à une société privée, Ecomouv', à laquelle il devra en principe verser des pénalités de retard.

Le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a précisé que des négociations étaient en cours avec cette entreprise pour limiter le coût de sa suspension pour le contribuable.

Décidée par la précédente majorité dans le cadre du "Grenelle de l'environnement", l'écotaxe doit rapporter 1,15 milliard d'euros par an, dont 20% pour Ecomouv', détenue à 70% par la compagnie italienne Autostrade (Atlantia ), soit 250 millions.

Une enquête judiciaire sur les conditions d'attribution du contrat, jugé trop favorable à Ecomouv' par de nombreux élus, a été rouverte à Nanterre (Hauts-de-Seine).

Le 16 novembre, 2.000 à 4.000 transporteurs routiers avaient déjà manifesté, provoquant des difficultés de circulation dans une quinzaine de régions. (Jean-Baptiste Vey, Jean-François Rosnoblet à Marseille, Claude Canellas à Lormont (Gironde), édité par Jean-Loup Fiévet)