Leur appel tombe au lendemain de la révision à la hausse par l'Autorité de régulation prudentielle (PRA) britannique des besoins de fonds propres des banques.

"Il y a à l'évidence un problème de taille avec les méthodes comptables. Comment les commissaires aux comptes ont-ils pu donner leur blanc-seing à ces établissements ?", s'est interrogé Tim Bush, directeur de l'analyse financière et de la gouvernance du consortium d'investisseurs PIRC.

Les dernières estimations de la PRA, deux renflouements financés par le contribuable, des cessions d'actifs et des placements de titres sans nombre justifient une refonte rapide des règles comptables de manière à ce que les investisseurs aient une idée plus juste de la situation financière des banques, a-t-il ajouté.

Tim Bush s'exprimait au nom d'une alliance qui regroupe des fonds d'investissement au sein de PIRC, l'Authority Pension Fund Forum (LAPFF) et la Fédération des actionnaires britanniques.

Dans un document remis à la commission parlementaire sur les normes bancaires (PCBS) et à la Commission européenne, les investisseurs disent que les normes IFRS (International Financial Reporting Standards) ne donnent pas un aperçu "réel et juste" de la performance d'une entreprise, sapent la confiance des investisseurs et remettent en cause la stabilité économique.

"Les actionnaires de long terme ont tout intérêt à soutenir un système comptable donnant une vue prudente des entreprises et en particulier de la situation des fonds propres des banques (...) et promouvant une croissance économique stable et durable", disent les investisseurs.

Les sociétés britanniques sont astreintes à tenir une comptabilité aux normes IFRS depuis 2005. Leurs détracteurs affirment que la manière dont ces normes privilégient la neutralité au détriment de la prudence donne trop de facilité aux entreprises et aux banques pour minimiser leurs créances douteuses ou irrécouvrables.

A la demande des chefs d'Etat et de gouvernement des grandes puissances économiques, l'International Accounting Standards Board (IASB), qui a élaboré le système IFRS employé dans plus d'une centaine de pays, met la dernière main à de nouvelles normes qui prennent en compte ce problème.

Une disposition à venir devrait obliger les banques à constituer des provisions pour pertes par anticipation et non plus, comme c'est le cas à l'heure actuelle, lorsqu'une perte est constatée.

La PCBS estime que cette nouvelle règle apporterait un changement bienvenu mais elle prévient qu'une mise en oeuvre trop tardive ne peut que contribuer à saper un peu plus la confiance des investisseurs envers les banques.

La PCBS, dans un rapport sur les normes employés dans l'ensemble du secteur bancaire, juge que les "carences" du système IFRS le rendent inapte à un usage réglementaire, et réclame un ensemble de règles distinctes fondées sur le principe de prudence.

Sinead Cruise, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Dominique Rodriguez