(Avec précisions, réaction de la présidence)

par Ashraf Fahim

AL KHOUSSOUS, Egypte, 6 avril (Reuters) - Cinq personnes ont été tuées et huit autre blessées près du Caire dans des affrontements entre musulmans et chrétiens coptes, a-t-on appris samedi de source proche de la sécurité.

Les affrontements, qui ont éclaté tard vendredi soir dans la localité d'Al Khoussous et se sont poursuivis samedi matin, ont coûté la vie à quatre coptes et un musulman. Plusieurs magasins appartenant à des chrétiens ont été saccagés et un dispensaire brûlé.

L'agence officielle de presse Mena, qui a signalé la première ces affrontements, faisait état d'un bilan de quatre morts.

Selon les habitants, les violences ont éclaté quand des enfants coptes ont dessiné un graffiti sur le mur d'un institut religieux musulman.

Un journaliste de Reuters a constaté qu'un insigne ressemblant à une croix gammée avait été dessinée sur le mur, les habitants précisant que cela les avaient mis en colère car ils pensaient que c'était une croix.

"J'ai vu les enfants après la prière et je les ai attrapé en leur disant d'effacer ce qu'ils avaient dessiné", a raconté Mahmoud al Alfi, un villageois musulman.

Selon son témoignage, un autre homme serait alors intervenu et aurait commencé à frapper les jeunes, attirant une foule plus importante.

La situation a dégénéré lorsqu'un homme a ouvert le feu et tiré "en l'air", tuant un des enfants.

"D'un seul coup, le secteur a été plein d'armes", a terminé Mahmoud al Alfi.

CONDOLÉANCES DE LA PRÉSIDENCE

Le président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, a adressé ses condoléances aux familles des victimes et promis d'agir contre les violences confessionnelles.

"La présidence (...) rejette sans équivoque toute action contre l'unité et la cohésion de la société égyptienne et s'opposera à toutes les tentatives pour instiller la division confessionnelle au sein du peuple égyptien, musulmans et chrétiens", lit-on dans le communiqué.

Mohamed Morsi s'est engagé à protéger les droits des coptes d'Egypte, qui comptent pour 10% environ des quelque 83 millions d'habitants du pays.

Mais les tensions restent vives entre les deux communautés, les coptes s'estimant marginalisés par la majorité musulmane à tous les niveaux de la société, et notamment dans les rouages de l'Etat.

Les coptes se plaignent également de voir leurs églises être la cible d'attaques d'islamistes radicaux et affirment qu'il est bien plus difficile d'obtenir les autorisations officielles pour construire une église qu'une mosquée.

Samedi, le calme prévalait à Khoussous, où les forces de l'ordre ont renforcé leur présence, d'après une source proche de la sécurité. Une quinzaine de véhicules de police organisent des patrouille en ville, où 15 personnes ont été arrêtées par la police.

"Les émeutes confessionnelles qui ont éclaté à Khoussous sont inacceptables et graves", a estimé Saad al Katatni, chef de file du parti issu de la confrérie des Frères musulmans sur sa page Facebook. "Elles sont le fait de personnes qui veulent mettre l'Egypte à feu et provoquer des crises."

(Avec Omar Fahmy et Yasmine Saleh; Henri-Pierre André, Jean-Loup Fiévet et Tangi Salaün pour le service français)