(Actualisé avec fin du débat)

par Belén Carreño et John Stonestreet

MADRID, 24 avril (Reuters) - A cinq jours des élections législatives en Espagne, et pour la deuxième fois en vingt-quatre heures, les principales têtes de liste se retrouvaient mardi soir pour un second débat télévisé lors duquel les échanges ont été tendus, notamment autour d'éventuelles alliances et de la question de la Catalogne.

Si l'agenda économique et l'immigration ont été parmi les thèmes évoqués lors de ce deuxième acte, il a largement été question de la Catalogne, comme la veille.

Le parti d'extrême droite Vox, qui n'a aucun député dans le Parlement sortant, n'est pas invité à ces débats.

Le scrutin de dimanche, convoqué par le président du gouvernement socialiste Pedro Sanchez à la suite de son échec à faire adopter son projet de budget, s'annonce comme l'un des plus polarisés de l'histoire démocratique du pays.

Les questions liées à l'unité nationale - après la tentative de référendum d'octobre 2017 et les poursuites judiciaires engagées par la suite contre les dirigeants séparatistes de Catalogne - et des thèmes de société comme l'égalité de genre ont dominé la campagne électorale, devant les sujets économiques ou le changement climatique.

Les Espagnols renouvelleront dimanche les 350 sièges de députés que comptent les Cortes Generales.

D'après les sondages, le Parti socialiste de Pedro Sanchez devrait arriver en tête mais avec un score insuffisant pour gouverner seul. Une alliance avec Podemos, le parti de la gauche radicale, ne semble pas assurée non plus de décrocher la majorité absolue au Parlement.

LA CATALOGNE AU CENTRE DES ATTAQUES

Pedro Sanchez est arrivé au pouvoir en juin dernier, sans élection, après la chute de Mariano Rajoy, emporté par une motion de censure liée aux scandales de corruption impliquant son Parti populaire.

Il pourrait avoir besoin des séparatistes catalans pour former un gouvernement viable, mais a constamment réaffirmé que l'indépendance de la Catalogne n'était pas une solution possible.

Sanchez a déclaré mardi soir qu'il n'envisageait pas de former une alliance avec le parti Ciudadanos, celui-ci ayant auparavant indiqué qu'il ne se joindrait à aucune coalition dirigée par Sanchez.

Le chef de file du Parti populaire (droite conservatrice), Pablo Casado, a de nouveau critiqué vertement Pedro Sanchez, le décrivant comme "le candidat préféré des ennemis de l'Espagne".

Tête de liste du parti centriste Ciudadanos, Albert Rivera a enfourché le même cheval de bataille et déclaré à l'actuel chef du gouvernement: "Beaucoup de socialistes sont déçus par vous parce que vous voulez liquider l'Espagne".

De gauche à droite, Pablo Casado (PP), Pedro Sanchez (PSOE), Albert Rivera (Ciudadanos) et Pablo Iglesias (Podemos) posant avant leur premier débat, lundi soir. REUTERS/Sergio Perez

SONDAGES INTERDITS

La publication des sondages est interdite depuis lundi.

La dernière étude de l'institut GAD3 pour le quotidien ABC crédite le PSOE de Sanchez de 31,5% des intentions de vote avec un nombre d'élus compris entre 134 et 139 (jusqu'à 54 députés de plus que dans le Parlement issu des élections de 2016).

Le PP arrive en deuxième position avec 20,1% des intentions de vote, soit 81 à 86 sièges (ce qui lui ferait perdre jusqu'à 56 députés).

Ciudadanos prend la troisième place avec 13,9% et 42 à 44 élus (contre 32 dans le Parlement sortant).

Podemos est mesuré à 12,1%, soit 27 élus. Le parti d'extrême droite Vox conduit par Santiago Abascal, qui n'a jamais siégé au Parlement, est crédité lui de 11,4% mais obtiendrait, compte tenu des règles d'attribution des sièges, un peu plus de députés que le parti de Pablo Iglesias (entre 30 et 32).

Si ces projections se confirment, ni l'alliance PSOE-Podemos ni une coalition de droite PP-Ciudadanos-Vox ne dépasserait le seuil des 176 sièges synonyme de majorité absolue. Sanchez pourrait cependant trouver une majorité en s'alliant avec des élus de formations nationalistes.

Les sondeurs appellent toutefois à la prudence en invoquant deux facteurs: le poids des indécis et leur propre difficulté à mesurer correctement le poids de Vox (leurs modèles souffrent de ce que le parti d'extrême droite n'a encore jamais fait élire de députés aux Cortes).

(avec Silvio Castellanos et Ingrid Melander; Henri-Pierre André pour le service français, édité par Jean Terzian)