* L'économie française est diversifiée et résistante-Fillon

* Paris maintiendra la trajectoire des finances publiques

* L'approche de l'élection ne peut être un "alibi"

* La politique de Sarkozy dégradée, dit Hollande (Actualisé avec nouvelles déclarations)

par Matthias Blamont

PARIS, 14 janvier (Reuters) - Les investisseurs peuvent avoir confiance en la France dont l'économie est "diversifiée" et "résistante" malgré la dégradation de sa note de crédit, a assuré samedi François Fillon.

Le Premier ministre s'est employé à répondre aux critiques de l'opposition et à montrer que le gouvernement gardait le contrôle de la situation au lendemain de la décision de l'agence de notation Standard & Poor's d'abaisser d'un cran la note souveraine de la France de AAA, la meilleure possible, à AA+.

S&P a également abaissé la note de huit autres pays de la zone euro mais a maintenu le AAA de l'Allemagne. (voir et )

François Fillon a répété que la France ne dévierait pas de son objectif "intangible" en matière de réduction des déficits en dépit du durcissement attendu de la conjoncture cette année et de l'approche de l'élection présidentielle.

"La France est un pays sûr, un pays dans lequel les investisseurs ont confiance et peuvent avoir confiance", a dit le Premier ministre lors d'un point de presse à Matignon.

"La note de la France reste parmi les meilleures du monde", a souligné le chef du gouvernement. La dégradation "était attendue même si on peut la juger à contretemps au regard des efforts engagés par la zone euro", a-t-il ajouté.

Le gouvernement vise une réduction du déficit public de la France à 4,5% du produit intérieur brut fin 2012 et 3% en 2013. Il devrait atteindre environ 5,5% au titre de 2011. ( )

Dans une courte déclaration samedi matin, François Hollande, candidat du Parti socialiste à l'élection présidentielle, a qualifié de "grave" la décision de S&P et estimé que la politique du président français Nicolas Sarkozy avait "manqué de cohérence, de constance, de clairvoyance et de résultats".

C'est "cette politique (de Sarkozy) qui a été dégradée, pas la France", a-t-il fait valoir.

Le candidat socialiste a poursuivi son offensive samedi soir dès sa sortie de l'avion qui l'avait emmené à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe):

"Cela affecte l'ensemble de la situation budgétaire de la France. Son image extérieure, sa capacité d'emprunt donc nous sommes tous concernés"

AJUSTEMENTS

Dans une riposte aux propos du candidat du PS, François Fillon a déclaré que l'approche de l'élection présidentielle ne pouvait pas constituer "d'alibi" pour ne pas réformer.

Dans une interview accordée au JDD, il a appelé François Hollande à montrer son programme à Standard & Poor's. ( )

Le Premier ministre a indiqué que le gouvernement ajusterait ses perspectives économiques dans les prochaines semaines à la lumière des chiffres de la croissance "réalisée" en France et a confirmé que des décisions "structurelles" pour abaisser le coût du travail seraient prises après le sommet social convoqué le 18 janvier par Nicolas Sarkozy.

Le gouvernement envisage notamment une hausse du taux général de la TVA, actuellement fixé à 19,6%, en contrepartie d'une réduction des charges salariales et patronales dans le cadre d'une réflexion sur la réforme du financement de la protection sociale.

"Il n'y a pas de raison objective de modifier la perspective de croissance (actuellement calée à 1% pour 2012, NDLR). Quand nous connaîtrons les chiffres de la croissance sur l'ensemble de l'année 2011, nous procéderons à des ajustements si nécessaire", a dit le Premier ministre.

Invité du journal de France 2 vendredi soir, le ministre de l'Economie François Baroin a exclu d'engager un troisième plan de rigueur pour parachever les mesures du annoncées en novembre et en août derniers. ( )

François Fillon a toutefois jugé que la France devait se rapprocher "le plus possible" des performances économiques de l'Allemagne, mais a écarté l'hypothèse de nouvelles décisions au niveau européen, estimant qu'il fallait d'abord appliquer dans leur intégralité les annonces du sommet du 9 décembre.

Celles-ci prévoient notamment d'accélérer la mise en place du mécanisme européen de stabilité (MES) à juillet 2012.

LE POINT sur la note souveraine de la France (Avec Elizabeth Pineau, édité par Jean-Philippe Lefief)