Le feu couve sous les cendres. Les actifs impossibles à évaluer par les banques américaines faute d’échanges sur les marchés, ont augmenté de 15,5% entre le second et le troisième trimestre, selon une étude de Market, Credit and Risk Strategies (MCRS), une unité de recherche indépendante de l’agence de notation Standard and Poor’s. Ces actifs invendables ont atteint 610 milliards de dollars à la fin du mois de septembre. Ce qui fait peser de nouvelles menaces de dépréciation sur les bilans des banques outre-Atlantique. Dans le Financial Times, Michael Thomson, le directeur de MCRS, déclare qu’il serait surpris si ces actifs super risqués ne provoquaient pas de nouvelles dépréciations comptables par les banques.

La semaine prochaine, la publication des résultats annuels de Goldman Sachs et de Morgan Stanley seront scrutés à la loupe pour vérifier si ces actifs encore opaques détériorent les résultats. Ils sont essentiellement constitués de créances hypothécaires titrisées et de CDO (collateralised debt obligation), titres adossés à des portefeuilles de créances et vendus par tranche. Plus la crise économique s’amplifie plus les actifs sous-jacents de ces instruments financiers perdent de leur valeur. Or les 700 milliards de dollars du plan Paulson pour sauver les banques américaines, qui devaient servir entre autres à racheter des actifs toxiques, sont désormais affectés aux prises de participations dans les établissements financiers en souffrance. Les banques restent donc « collées » avec leurs actifs dévalorisés.

Des dépréciations massives affecteront la solvabilité des banques américaines qui ont déjà été contraintes de renforcer leurs fonds propres en faisant appel au gouvernement américain, à des fonds souverains ou à de riches investisseurs comme Warren Buffett ou le prince Al Walheed. De nouvelles secousses telluriques sur la finance américaine se propageront immanquablement au système bancaire mondial et aux marchés financiers. Un scénario qui peut sembler très noir, alors que les économistes prévoient des signaux de reprise économique, mais il ne doit pas être écarté.

D.M