par Guy Faulconbridge et Michael Holden

LONDRES, 15 mai (Reuters) - Les attaques informatiques qui ont perturbé vendredi le fonctionnement du National Health Service (NHS) ont placé la question du financement des services de santé britanniques au centre de la campagne pour les élections législatives du 8 juin.

La Grande-Bretagne s'enorgueillit de proposer des soins médicaux gratuits pour l'ensemble de ses patients et de récentes enquêtes d'opinion montrent que les Britanniques attachent à cet avantage une importance plus grande que celle accordée au Brexit ou à la situation économique du pays.

Une telle couverture sociale a un prix, 145 milliards de livres sterling (170 milliards d'euros), soit environ un cinquième du budget national. Le NHS emploie 1,5 million de personnes, soit le cinquième plus grand employeur du monde après les armées américaine et chinoise, Walmart et McDonald's.

Les dysfonctionnements provoqués par le virus WannaCry, un "rançongiciel" qui demandait le paiement de 300 dollars pour rétablir l'accès aux fichiers des ordinateurs infectés, ont servi d'argument aux travaillistes pour critiquer la Première ministre Theresa May, lundi.

"Pour être honnête, la réponse du gouvernement a été désordonnée", a estimé Jon Ashworth, le porte-parole du Labour. "Ils ont de manière désinvolte ignoré les avertissements que les experts ont adressé au cours des dernières semaines", a-t-il ajouté.

"La vérité est que si vous taillez dans les budgets d'équipement et si vous ne permettez pas au NHS d'investir dans des mises à jour de ses logiciels, alors vous livrez l'hôpital à ce genre d'attaques", a-t-il encore dit.

Les responsables des services de santé ont eu bien du mal à expliquer pourquoi les ordinateurs et systèmes d'exploitation utilisés par le NHS n'avaient pas bénéficié des mises à jour proposées par Microsoft afin de renforcer leur sécurité.

Le ministre de la Sécurité, Ben Wallace, a indiqué que le gouvernement disposait de contrats informatiques pour l'ensemble du National Health Service mais que ceux-ci avaient été abandonnés en 2007 - lorsque les travaillistes étaient au pouvoir - laissant cette initiative à la charge des directions locales qui gèrent les hôpitaux.

Le National Audit Office, la Cour des comptes britannique, avait prévenu en 2014 que certaines instances du NHS "appréciaient mal la menace et ne comprenaient pas encore ce que signifiait une protection appropriée à un certain niveau de menace".

Sur Sky News, Theresa May a réfuté l'idée que son gouvernement n'avait pas pris la mesure du danger et a affirmé que les mises en garde avaient été transmises aux directions sanitaires.

"Nous prenons la sécurité informatique au sérieux", a ajouté May, qui fut ministre de l'Intérieur de 2010 à 2016. La vague d'attaques informatiques ne visait pas spécifiquement le NHS, a-t-elle rappelé, ajoutant que deux milliards de livres avaient été dégagées pour améliorer la sécurité informatique. (Guy Faulconbridge et Michael Holden; Pierre Sérisier pour le service français)