• Crypto.com, l'une des principales plateformes d'échange de cryptomonnaies qui a décroché le statut de PSAN (Prestataires de Services sur Actifs Numériques) auprès de l'AMF le mois dernier, a annoncé établir son siège régional européen en France, à Paris. La plateforme prévoit d'investir 150 millions d'euros afin de développer ses opérations et recruter du personnel. Eric Anziani, le directeur d'exploitation de Crypto.com a déclaré "continuer à s'engager avec les parties prenantes de tous les secteurs pour aider à faciliter la nouvelle économie numérique en France et à offrir aux clients une expérience cryptographique de premier ordre" . L'hexagone semble séduire les sociétés crypto car, en mai dernier, c’était au tour du géant Binance de recevoir le précieux sésame de PSAN, ce qui faisait de la France le premier pays européen à autoriser Binance à opérer dans sa juridiction. Son PDG, Changpeng Zhao, avait d'ailleurs affirmé que "le pays était bien placé pour être leader de cette industrie en Europe" . Nous pourrions voir d'autres acteurs internationaux faire de telles annonces à l'avenir.

  • On reste avec Binance pour une histoire un peu plus sombre. Un hacker a réussi à subtiliser 2 millions de cryptomonnaies BNB, soit plus de 550 millions de dollars, sur le bridge BSC Token Hub, un pont (explication des risques de ces ponts dans cet article : ici) qui permet de transférer des cryptomonnaies entre deux blockchains de Binance : BNB Beacon Chain et la BNB Smart Chain. Une grande partie des fonds a pu rapidement être gelée en arrêtant de faire fonctionner la blockchain mais le pirate à tout de même réussi à conserver l’équivalent de 100 millions de dollars en l’envoyant sur différents protocoles externes. Les équipes ont annoncé prendre des mesures de sécurité  plus importantes à l’avenir, mais ce qui pose question, c’est la possibilité pour la direction d’arrêter de faire fonctionner la blockchain. En effet, il n’existe que 26 validateurs sur le réseau de Binance, contre plus de 14 000 pour Bitcoin à titre d’exemple. Si ces 26 validateurs ont pu arrêter la blockchain pour la bonne cause, cela laisse supposer qu’il serait possible de le faire pour des décisions plus discutables. Cela montre que le réseau n’est pas impartial et qu’il est contrôlable par une poignée d’entités. On s’éloigne ainsi de la vision insufflée par le créateur du Bitcoin, Satoshi Nakamoto. 

  • Les géants de la finance traditionnelle JPMorgan et Visa s’associent pour assurer les paiements transfrontaliers via la technologie de la blockchain. Pour faire simple, cette nouvelle solution appelée Confirm, réunit deux technologies. D’un côté, Liink de JPMorgan qui est un réseau spécialement conçu pour les transferts transfrontaliers et qui est développé sur la blockchain privée de la banque, Onyx. De l’autre, B2B Connect de Visa qui est une solution similaire permettant aux institutionnels de faciliter les paiements entre différents pays. La direction de Confirm, la solution réunissant les deux technologies, a affirmé pouvoir vérifier plus de 2 milliards de comptes bancaires de 3500 institutions financières. Cette initiative des deux géants de la finance, semble fournir une alternative au système SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunications) couramment utilisé pour gérer et faciliter les paiements transfrontaliers. Le géant allemand Deutsche Bank a signé pour devenir membre fondateur de Confirm, et cette semaine, l’Autorité monétaire de Singapour a annoncé qu’elle pourrait utiliser la technologie de la blockchain en mentionnant que le système actuel est “lent, coûteux, opaque et inefficace, en s’appuyant sur un réseau archaïque de banques correspondantes”. Nous allons sûrement entendre parler de Confirm dans les prochains mois. 

  • Google, qui enchaîne les initiatives liées à l’écosystème crypto ces dernières semaines, a annoncé s’associer à Coinbase pour accepter les paiements en cryptomonnaies pour les services Cloud et utilisera également le services de garde d’actifs de Coinbase, Coinbase Prime. Annoncé mardi dernier à la conférence Cloud Next de Google, le géant de la tech a annoncé que les paiements en crypto seront initialement déployés auprès d’un petit cercle de clients impliqués dans l’industrie Web3. Thomas Kurian, PDG de Google Cloud, a déclaré que “nous voulons rendre la construction dans le Web3 plus rapide et plus facile et ce partenariat avec Coinbase aide les développeurs à se rapprocher de cet objectif.” Cette annonce vient s’ajouter aux précédents partenariats effectués avec la BNB Chain de Binance et Near Protocol, deux blockchains d’infrastructure, afin de soutenir la croissance des startups Web3 et blockchain qui sont à un stade précoce de développement. Avec ces initiatives, Google affiche clairement son dynamisme dans la sphère blockchain-crypto et ne compte surement pas passer à côté de cet écosystème bouillonnant.

  • EDF, le fournisseur d’électricité historique en France, gère actuellement 10 nœuds sur Ethereum via sa filiale dédiée au Web3, Exaction. Et ce chiffre grimpe à plus de 300 (dont 150 sur Ethereum et 150 autres sur Avalanche, Tezos, Polkadot entre autres) si l’on compte les nœuds que l’entreprise gère pour le compte de ses clients. Il faut dire que depuis la fusion du modèle de consensus d’Ethereum, il devient bien plus facile qu’auparavant de détenir un nœud et donc de devenir validateur sur le réseau. Pour rappel, un nœud permet de vérifier l’ensemble des transactions en garantissant la sécurité et l’exactitude des données au sein des blocs. C’est donc ce nœud qui permet aux validateurs de créer un bloc et d’obtenir des récompenses en ethers. Qu’un acteur français aussi symbolique qu’EDF se positionne sur Ethereum se révèle être positif pour l’écosystème français mais renforce aussi la crainte de la progression de la centralisation du réseau entre les mains d’un poignée d’acteurs.

  • La Bank of New York Mellon (BNY Mellon), la plus ancienne banque outre-Atlantique, détenant plus de 43 milliards de dollars d’actions en conservation et plus de 2 400 milliards de dollars d’actifs sous gestion, a annoncé mettre en place une plateforme de conservation de cryptomonnaies. Les clients de la banque vieille de 238 ans pourront ainsi détenir et transférer des bitcoins et des ethers sur cette nouvelle plateforme. BNY Mellon s'est associée à Fireblocks et Chainalysis pour aider à répondre aux besoins de technologie, de sécurité et de conformité des institutions. “Touchant plus de 20% des actifs investissables dans le monde, BNY Mellon a l'échelle nécessaire pour réinventer les marchés financiers grâce à la technologie blockchain et aux actifs numériques", a déclaré le PDG de BNY Mellon, Robin Vince, dans un communiqué. "Nous sommes ravis de contribuer à faire avancer le secteur financier alors que nous entamons le prochain chapitre de notre parcours d'innovation." Le lancement fait suite à une récente enquête de BNY Mellon qui a révélé que 41% des investisseurs institutionnels détiennent aujourd'hui de la crypto dans leurs portefeuilles, tandis que 15% prévoient de détenir des actifs numériques dans les deux à cinq prochaines années.

  • On revient en Europe pour finir ce Crypto Recap. Le gouvernement du Portugal a proposé un impôt sur le revenu de 28% sur les plus-values réalisées avec des crypto-monnaies dans son projet de budget 2023, publié lundi. Pour rappel, le pays se montrait plutôt clément envers les crypto-investisseurs en n’appliquant aucune taxe sur les plus-values réalisées avec des cryptomonnaies. La taxe ne s'appliquerait qu'aux crypto-monnaies détenues depuis moins d'un an, les gains provenant de la crypto détenue plus longtemps que cette période étant toujours exonérés. Le budget doit encore faire l'objet de discussions et d'approbation au sein du Parlement dans les semaines à venir. Mais étant donné que le parti au pouvoir (PS) dispose de la majorité absolue, il a le pouvoir de le mener à bien à lui seul. Même si ce taux d’imposition de 28% est un bouleversement pour les acteurs de la cryptosphère au sein du pays, il reste moins élevé qu’en France, où la taxe en vigueur s’élève à 30%.

L'évolution du Top 20 des cryptomonnaies en termes de capitalisation sur une semaine.
(Cliquez sur la heatmap ci-dessous pour mieux visualiser les variations)

Heatmap Crypto
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Lectures :

Meta parie toujours sur une révolution VR qui ne pourrait jamais venir (Wired, en anglais)

Pourquoi la blockchain pourrait signifier moins de tracas pour les étudiants et les travailleurs prouvant leurs titres de compétences (The Conversation, en anglais)

CNN accusé de tirage de tapis alors qu'il abandonne son projet NFT (The Verge, en anglais)

Voilà à quoi ressemble la vie dans le métavers (New York Times, en anglais)