(Précise fin du blocage à Bouaké)

par Ange Aboa

BOUAKE, Côte d'Ivoire, 8 janvier (Reuters) - Le ministre de la Défense de Côte d'Ivoire ainsi que d'autres responsables ont finalement pu quitter la résidence de Bouaké où ils avaient été pris au piège par des soldats mutins rejetant certains aspects de l'accord destiné à mettre fin à deux jours de troubles, a pu constater Reuters sur place.

L'adhésion de ces mutins, pour la plupart d'anciens combattants rebelles entrés dans l'armée, à l'accord annoncé samedi par le président ivoirien Alassane Ouattara reste toutefois incertaine.

Le chef de l'Etat a dit avoir pris en compte les revendications des soldats qui se sont emparés de Bouaké, la deuxième ville du pays, dans la nuit de jeudi à vendredi pour réclamer une revalorisation de leur solde et de meilleures conditions de vie et de travail.

Le mouvement s'est ensuite étendu à des casernes dans d'autres villes du pays, dont la capitale économique Abidjan.

L'accord a été conclu à Bouaké (centre) lors de discussions entre une délégation gouvernementale conduite par le ministre de la Défense Alain-Richard Donwahi et des représentants des rebelles.

Mais à peine avait-il été annoncé que des soldats en colère se sont massés devant la résidence du sous-préfet où avaient lieu les discussions et ont ouvert le feu, prenant au piège le ministre Donwahi, ainsi que le commandant adjoint de la Garde républicaine, le maire de Bouaké et des journalistes. Les militaires ont réclamé d'être payés immédiatement et non la semaine prochaine.

Ils ont finalement libéré leurs otages quelques heures plus tard, dans la soirée et Alain-Richard Donwahi a pris la route de l'aéroport de Bouaké, a constaté un journaliste de Reuters sur place, qui a lui aussi été pris au piège.

Dans un communiqué, le ministère de la Défense a démenti qu'Alain-Richard Donwahi ait été pris en otage. Le ministre n'a en aucune façon été menacé par ses soldats mais a plutôt poursuivi les négociations, assurent ses équipes.

S'exprimant devant ses ministres et la presse avant l'incident de Bouaké, Alassane Ouattara a déclaré qu'il avait accepté de prendre en compte les doléances des mutins.

Il a cependant estimé que les troubles avaient terni l'image du pays et appelé les militaires à regagner leurs casernes.

En novembre 2014, lors d'une vague de protestation partie aussi de Bouaké, plusieurs centaines de soldats avaient érigé des barricades dans plusieurs villes de Côte d'Ivoire pour exiger le versement d'arriérés de soldes.

Le gouvernement avait accédé à leur demande et les soldats étaient rentrés dans leurs casernes.

Cette crise survient moins de trois semaines après les élections législatives du 18 décembre, considérées comme un pas de plus franchi sur la voie d'une normalisation après la grave crise politique armée de 2002-2011.

Bouaké, ville de 500.000 habitants située à 300 km environ au nord d'Abidjan, a été le siège de la rébellion nordiste déclenchée en 2002 contre l'ex-président Laurent Gbagbo jusqu'à l'investiture en 2011 d'Alassane Ouattara. (Avec Joe Bavier; Henri-Pierre André, Pierre Sérisier, Tangi Salaün et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)