par Michelle Nichols

NATIONS UNIES, 9 juin (Reuters) - L'ambassadeur chinois aux Nations unies a déclaré jeudi que Pékin ne souhaitait pas voir la Corée du Nord procéder à un nouvel essai nucléaire, ce qui explique en partie la décision de la Chine d'opposer son veto à une tentative des Etats-Unis de faire imposer de nouvelles sanctions par l'Onu à Pyongyang après de nouveaux tirs de missiles balistiques.

Zhang Jun a toutefois averti qu'il ne fallait pas préjuger de la façon dont Pékin pourrait réagir aux Nations unies si la Corée du Nord procédait à son premier essai nucléaire depuis 2017. Washington a prévenu qu'un tel essai pourrait se produire "à tout moment" et qu'il ferait à nouveau pression pour obtenir davantage de sanctions de la part de l'Onu.

"Voyons ce qui va se passer, mais je pense que nous ne devrions pas préjuger de ce qui se passera en cas d'essai nucléaire", a déclaré Zhang Jun à Reuters.

"La dénucléarisation est l'un des objectifs clés de la Chine", a expliqué Zhang Jun. "Nous ne voulons pas voir un autre essai".

Le veto opposé à l'application de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord par la Chine et la Russie a publiquement divisé les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies pour la première fois depuis qu'il a commencé à imposer des sanctions à Pyongyang en 2006.

Au fil des ans, l'organe a régulièrement - et à l'unanimité - renforcé ces sanctions afin de contrevenir au financement des programmes d'armes nucléaires et de missiles balistiques de la Corée du Nord.

La Chine et la Russie ont toutefois fait pression, ces dernières années, en faveur d'un assouplissement des sanctions pour des raisons humanitaires dans l'espoir de convaincre la Corée du Nord de reprendre les négociations avec les Etats-Unis en vue de renoncer à ses armes nucléaires

"Ce n'est que par le dialogue que nous pensons que la situation s'améliorera. Avec les sanctions, nous voyons qu'elle continue de se détériorer", a déclaré Zhang Jun. "Notre position est très claire: Les sanctions ne résolvent pas les problèmes."

La Corée du Nord a procédé à des dizaines de tirs de missiles cette année, notamment de missiles balistiques intercontinentaux, rompant ainsi un moratoire sur les essais qu'elle s'était imposée après une rencontre entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un et l'ancien président américain Donald Trump en 2018.

Zhang Jun a exhorté Washington à alléger ses sanctions contre la Corée du Nord et à mettre fin aux exercices militaires conjoints avec la Corée du Sud pour tenter de relancer les pourparlers avec Pyongyang.

Les Etats-Unis affirment avoir tendu la main à la Corée du Nord à plusieurs reprises, mais n'ont reçu aucune réponse à leur offre de pourparlers sans conditions préalables.

Zhang Jun a estimé que relancer les pourparlers entre la Corée du Nord et les Etats-Unis ne serait pas une "mission impossible".

"Les Etats-Unis sont la première superpuissance mondiale. S'ils veulent engager un dialogue avec quiconque dans le monde, ce n'est pas une chose difficile", a-t-il déclaré. (version française Camille Raynaud)