par Helen Murphy et Luis Jaime Acosta

BOGOTA, 25 novembre (Reuters) - Le chef des Farc, Rodrigo Londono, a promis vendredi que son organisation soutiendra à la prochaine élection présidentielle, en 2018, le candidat qui garantira la poursuite du processus de paix en Colombie.

Un tel engagement des Forces armées révolutionnaires de Colombie est un message négatif adressé au parti de l'ancien président Alvaro Uribe, farouchement opposé à l'accord de paix que Rodrigo Londono a signé avec le président Juan Manuel Santos.

Une nouvelle mouture de cet accord, amendé à la suite du rejet de la première version par une étroite majorité de Colombiens lors d'un référendum le 2 octobre, a été paraphé jeudi.

Rodrigo Londono, plus connu dans le pays sous son alias "Timochenko", a reconnu que si les adversaires de la paix revenaient au pouvoir, le maintien de cet accord, fruit de quatre ans de négociations à La Havane, serait en danger.

"Il s'agit d'un projet à long terme. Consolider la paix après 50 ans de confrontation ne se fera pas en quelques mois ou en quelques années", a-t-il déclaré à la presse étrangère.

"Nous estimons que le prochain gouvernement, le prochain président devront garantir la continuité de ce processus."

Ce devra être, a-t-il ajouté, "un gouvernement de transition, auquel devront s'unir toutes les forces, tous les secteurs de l'opinion désireux de voir la paix se consolider".

Après un conflit qui a fait plus de 220.000 morts et des millions de déplacés, la signature du document a déclenché un compte à rebours de six mois, période durant laquelle les 7.000 rebelles des Farc toujours en activité devront déposer les armes et pourront former un parti politique.

RISQUE DE "PROVOCATIONS"

Le camp du "non" réclamait de plus grandes modifications du texte et ne décolère pas depuis que Juan Manuel Santos a choisi de faire ratifier l'accord par le Congrès, et non via un nouveau référendum. Il annonce des manifestations et n'écarte pas la possibilité de chercher à organiser un référendum.

De nombreux Colombiens déplorent que l'accord ne prévoie pas de peines de prison pour les membres des Farc qui seraient jugés coupables d'enlèvements ou de massacres. Et n'envisagent pas de pardon. Alvaro Uribe veut en outre que les anciens chefs rebelles ne puissent pas occuper un mandat électif.

Juan Manuel Santos, récompensé du prix Nobel de la paix 2016 pour ses efforts visant à mettre fin au conflit, souhaite quant à lui une mise en oeuvre rapide de l'accord de paix afin de prévenir le risque de rupture du fragile cessez-le-feu en place depuis les négociations.

Rodrigo Londono n'exclut pas que dans le climat tendu que connaît la Colombie des membres des Farc, mais aussi des membres de la société civile qui les soutiennent - militants des droits de l'homme, personnalités de gauche - soient victimes ou la cible d'attaques dans les semaines ou mois à venir.

"C'est très possible qu'il y ait une augmentation du nombre d'attaques (...) dans le but de générer des actes de violence dans les zones où nous sommes concentrés", a-t-il dit. "Nous avons prévenu nos forces d'éviter de céder aux provocations." (Gilles Trequesser pour le service français, édité par Tangi Salaün)