Le créancier Credit Suisse dominera probablement une réunion de la Banque nationale suisse et la Banque d'Angleterre pourrait mettre en suspens sa lutte contre l'inflation.

Rae Wee à Singapour, Lewis Krauskopf à New York et Dhara Ranasinghe, Amanda Cooper et Karin Strohecker à Londres vous donnent un aperçu de la semaine à venir sur les marchés.

1/ROCK AND A HARD PLACE

Après s'être concentrée sur la maîtrise de l'inflation, la Fed doit jongler avec la crise bancaire lors de sa réunion de deux jours qui s'achève mercredi.

Il y a une semaine, les investisseurs s'attendaient à un retour à une forte hausse des taux de 50 points de base après que le président Jerome Powell a déclaré que la Fed pourrait devoir augmenter les taux plus que prévu si les données montraient une économie encore chaude.

L'humeur a changé après que la faillite du créancier américain Silicon Valley Bank (SVB) a suscité des craintes de contagion. Les opérateurs tablent désormais sur une petite hausse de 25 points de base ou sur une hausse nulle.

Les données sur l'inflation de février, conformes aux attentes, ont proposé un certain soulagement, bien que la hausse annuelle de 6 % soit toujours supérieure à l'objectif de 2 %.

Le chemin de la Fed vers un taux terminal https://www.reuters.com/graphics/GLOBAL-MARKETS/byvrlmlbeve/chart.png

2/ DES MONTAGNES HAUTES, DES VALLÉES PROFONDES

La poussière n'était pas encore retombée après l'effondrement de la SVB que l'effondrement des actions et des obligations du Crédit Suisse, touché par la crise, intensifiait les craintes d'une crise bancaire mondiale et ébranlait les marchés. La Banque nationale suisse, à l'instar de la Fed, est rapidement intervenue pour rassurer les investisseurs, mais les marchés fébriles se méfient de ce qui les attend.

Le palliatif de la BNS a fonctionné pour l'instant, mais la recherche d'une solution durable est en cours. Certains prédisent que le Credit Suisse pourrait fusionner avec son homologue UBS afin de redorer le blason de la Suisse en tant que refuge financier. La réponse politique de la Suisse sera observée dans le monde entier par d'autres pays soucieux d'éviter que la situation ne se reproduise.

Le Credit Suisse occupera également le devant de la scène lors de la réunion de la BNS jeudi. Celle-ci devrait relever ses taux de 25, voire de 50 points de base pour lutter contre l'inflation.

Le Credit Suisse sort des sentiers battus https://www.reuters.com/graphics/CREDITSUISSEGP-STOCKS/gkplwbwdwvb/chart.png

3/EST-CE QU'ON Y EST DÉJÀ ?

La Banque d'Angleterre pourrait être sur le point de conclure une campagne de 17 mois de hausse des taux pour lutter contre l'inflation. Les traders estiment qu'il y a 60 % de chances que la banque relève ses taux d'un quart de point pour les porter à 4,50 % et 40 % qu'elle ne les relève pas le 23 mars.

L'inflation reste à deux chiffres, mais certains signes indiquent que certaines pressions sur les prix s'atténuent. À l'approche de températures plus clémentes, les prix du gaz naturel, qui ont baissé de 70 % au cours des trois derniers mois, sont moins préoccupants. Les pressions sur le marché du travail - y compris l'inflation des salaires - commencent à s'atténuer.

L'économie est fragile, les coûts d'emprunt sont élevés et les travailleurs sont confrontés à une forte baisse des salaires réels. Les marchés monétaires montrent que, dans tous les cas, les opérateurs ne s'attendent pas à ce que la BoE déploie beaucoup plus de puissance de feu. La question est de savoir si la BoE en a fait assez pour remettre le génie de l'inflation dans sa bouteille.

L'inflation pèse de nouveau sur les salaires en Grande-Bretagne https://www.reuters.com/graphics/GLOBAL-MARKETS/THEMES/gkplwbwkmvb/chart.png

4/À VOUS DE JOUER, KAZUO

La déroute des banques a entraîné une baisse des rendements des obligations d'État japonaises et a focalisé les attentes sur la date à laquelle la Banque du Japon pourrait desserrer davantage les chaînes autour des rendements des obligations à long terme - donnant aux décideurs politiques dovish une marge de manœuvre pour défendre leur position de politique ultra-libre.

Les données sur les prix à la consommation publiées jeudi pourraient changer la donne. L'inflation de base atteint des sommets inégalés depuis quatre décennies, soit le double de l'objectif de 2 % fixé par la banque centrale. Les perspectives salariales se sont également améliorées, ce que les responsables politiques considèrent depuis longtemps comme la pièce manquante du puzzle de l'inflation.

Dans les jours à venir, les grandes entreprises japonaises décideront de leurs plus fortes augmentations de salaire depuis un quart de siècle, à l'issue des négociations salariales annuelles très suivies, connues sous le nom de "shunto". Reste à savoir si les petites entreprises, qui emploient sept travailleurs sur dix, peuvent se permettre de suivre leur exemple.

Les salaires réels au Japon baissent au rythme le plus rapide depuis 2014 https://www.reuters.com/graphics/JAPAN-ECONOMY/WAGES/gdpzqmaamvw/chart.png

5/TOUT ET PARTOUT

Pour ceux qui négocient, investissent et font des reportages sur les marchés financiers, ces derniers jours ont ressemblé à "Tout partout en même temps" - le titre du film qui a dominé les Oscars.

En l'espace de quelques jours, la SVB s'est effondrée, provoquant des turbulences dans les banques régionales, les rendements des obligations d'État ont chuté dans un élan massif vers la sécurité et les actions du Crédit suisse, une banque européenne d'importance systémique, se sont effondrées.

La même chose pourrait se produire sur les marchés déconcertés par certaines des ruines les plus importantes depuis la crise financière de 2008, les investisseurs étant attentifs à ce qui pourrait se produire ensuite en cas de fortes hausses des taux d'intérêt.

La réponse est également essentielle. Une bouée de sauvetage de 30 milliards de dollars pour la First Republic Bank a apaisé les craintes, et les banques centrales (la Fed et la BNS) ont contribué à calmer les choses. Il pourrait y avoir d'autres interventions si les turbulences reprennent.

La jauge de la peur du marché fait un bond : https://www.reuters.com/graphics/GLOBAL-MARKETS/THEMES/myvmoboanvr/chart.png