Le pays vient de négocier in extremis avec ses partenaires de la zone euro une aide d'urgence de dix milliards d'euros pour sauver ses banques dont la sévérité des conditions risque d'approfondir la récession, de rétrécir le secteur bancaire et de coûter au final des milliers d'emplois.

Le chef de l'Etat, qui a fait le point de la situation économique devant ses ministres lors d'une rencontre informelle, a précisé que ce plan de croissance en douze points serait soumis à l'approbation du gouvernement d'ici 15 jours.

Le programme comprend des mesures propices à attirer les investissements sur cette île, qui constitue déjà un important centre financier pour la région, ainsi que des dégrèvements fiscaux pour les bénéfices des entreprises réinvestis sur place et de plus grandes facilités de paiement et de meilleurs taux d'intérêt sur les emprunts.

Dans le but d'attirer les touristes étrangers, la République de Chypre espère aussi lever l'interdiction frappant l'existence de casinos qui, pour le moment, n'opèrent dans la légalité que dans la partie nord de l'île, contrôlée par la Turquie.

S'exprimant devant des journalistes après une cérémonie de commémoration de la campagne armée de 1955 contre le pouvoir colonial britannique, Nicos Anastasiades a promis que son gouvernement consacrerait ses efforts à la "croissance et aux incitations à la croissance".

Interrogé sur la sévérité de la récession à laquelle Chypre peut s'attendre, le porte-parole du gouvernement, Christos Stylianides, a répondu: "Il n'est pas possible pour l'instant de mettre des chiffres sur la récession."

"Le gouvernement, ayant hérité d'une bombe atomique, a essayé de la désactiver et d'épargner ainsi au pays une banqueroute totale. Il est maintenant en train de s'attaquer à l'après-séisme, avec l'objectif de relancer l'économie."

Le plan de sauvetage européen prévoit de fermer l'une des deux plus grandes banques chypriotes, Cyprus Popular Bank (Laiki), et d'imposer de lourdes pertes aux clients les plus fortunés de son système financier, pour payer les dettes et renforcer les fonds propres des établissements.

Karolina Tagaris; Jean-Loup Fiévet et Jean-Stéphane Brosse pour le service français