Le budget 2011 et la loi de programmation des finances publiques, qui seront présentés mercredi, prévoient une hausse du produit intérieur brut de 2,0% en 2011 et de 2,5% en 2012.

Le déficit public sera inférieur à 8% du PIB fin 2010 et il sera réduit à 6,0% fin 2011, 4,6% fin 2012 et 3,0% fin 2013, soit la trajectoire sur laquelle la France s'est engagée devant ses partenaires européens en janvier, a dit Christine Lagarde.

"C'est un budget qui est courageux, qui est déterminé", a déclaré la ministre de l'Economie sur Europe 1.

"On n'a jamais fait ça, on n'a jamais eu l'ambition et la détermination de diminuer le déficit de deux points", a-t-elle ajouté, en référence à la réduction prévue l'an prochain.

La baisse du déficit public à 6% en 2011, qui correspond à une réduction d'environ 40 milliards d'euros, est la première étape pour parvenir fin 2013 à 3,0%, la limite fixée par le pacte de stabilité et de croissance européen.

Entre fin 2010 et fin 2013, la France réduirait ainsi son déficit d'environ 100 milliards d'euros, un effort sans précédent dans le pays depuis au moins un demi-siècle et sur lequel pèse des incertitudes économiques et politiques.

Ce plan traverse en effet les élections présidentielle et législatives de 2012 et les périodes électorales sont en général peu propices à la maîtrise des déficits.

LES PRÊTEURS ONT CONFIANCE

La ministre de l'Economie a insisté sur le fait que la France avait la confiance des marchés financiers, auxquels le pays fait appel pour financer ses déficits et ses dettes.

"Les taux d'intérêt, c'est souvent le thermomètre de la bonne santé financière d'un pays", a dit Christine Lagarde.

"On constate aujourd'hui que la France est, juste après l'Allemagne, le pays qui emprunte aux taux les plus bas, avec des 'spreads' - c'est-à-dire la mesure du risque - qui est là aussi la plus basse dans toute l'Union européenne."

"Ca veut dire que les investisseurs, ceux qui financent et refinancent notre dette au quotidien font confiance au risque France", a-t-elle ajouté.

Le 'spread' souverain France-Allemagne, c'est-à-dire l'écart de rendement demandé à la France pour ses emprunts par rapport à l'Allemagne est d'environ 35 points de base pour ses emprunts à dix ans alors qu'il avait atteint près du double en mars 2009.

Pour 2010, des responsables ont évoqué un déficit proche de 7,8%, au lieu du 8,0% prévu, grâce une croissance du PIB plus solide mais Christine Lagarde n'a pas voulu préciser.

"Je crois que nous ferons mieux que 8%", a-t-elle dit.

Quant à la prévision de croissance l'an prochain, supérieure à celle de nombreux économistes, "notre 2% est tout à fait raisonnable", a-t-elle déclaré.

La croissance sera "pour 2010, au moins de 1,5%", a-t-elle ajouté. "J'espère une bonne surprise, en tous cas je suis convaincue que nous atteindrons 1,5%", a-t-elle poursuivi.

Pour économiser 40 milliards d'euros entre 2010 et 2011, le gouvernement bénéficiera de la fin des mesures de relance décidée pour 2010. Elles ne seront pas reconduites en 2011.

Il compte aussi sur un vif rebond des recettes lié à l'accélération de la croissance et sur la maîtrise des dépenses à travers un gel de certaines dépenses et une réduction d'environ 10 milliards d'euros des niches fiscales, ces dérogations qui grèvent les recettes.

L'an prochain, "tout le monde va participer", a dit Christine Lagarde, qui a confirmé la suppression de l'avantage fiscal dont bénéficiaient jusqu'alors les jeunes mariés l'année de leur union.

En 2011, il n'y aura plus "d'incitation fiscale à divorcer ou à se marier", a-t-elle fait valoir.

Jean-Baptiste Vey et Laure Bretton