CHICAGO (awp/afp) - Le recul du dollar a largement soutenu les cours agricoles sur le marché de Chicago durant la semaine, sauf le maïs qui a plongé en fin de semaine avec la prévision de semis frôlant un record.

"Le ministère de l'Agriculture (USDA) table sur d'énormes surfaces cultivées en maïs, bien plus que ce qu'on pensait", a souligné Bill Nelson, chez Doane Advisory Services. "Il est très clair qu'il va y avoir beaucoup plus de semis que l'an dernier, à moins que le temps soit très mauvais", a-t-il ajouté.

Avec 37,88 millions d'hectares, les champs de maïs approcheraient du record de 39,38 millions d'hectares plantés en 2012, selon la maison de courtage Allendale.

"Les Etats-Unis vont être vraiment bien approvisionnés en maïs, surtout que le Brésil en produit aussi beaucoup, et que l'Argentine en plante plus qu'on ne le pensait", a ajouté M. Nelson.

Le marché a réagi très vivement en faisant chuter les cours, qui s'étaient maintenus les jours précédents à la faveur d'un dollar affaibli par la prudence exprimée par la présidente de la Réserve fédérale Janet Yellen.

Comme, parallèlement, les chiffres de l'USDA sur le soja ont été sans surprise, l'oléagineux a pu légèrement progresser sur la semaine.

Quant au blé, il a bénéficié également de prévisions de l'USDA inférieures aux attentes. Avec seulement 20,06 millions d'hectares, les surfaces cultivées seraient au plus bas depuis 1970, a noté M. Nelson.

Selon lui, les prix sont tellement déprimés que de nombreux agriculteurs de l'ouest de la zone de culture, du Texas (sud) au Montana, en passant par l'Oklahoma, le Kansas et le Dakota du Nord, pourraient choisir soit de laisser les champs en jachère, soit de cultiver du fourrage ou de transformer les champs en pâturages, plutôt que d'engager des frais pour cultiver du blé peu rentable.

Jack Scoville, chez Price Futures Group, a noté toutefois que les investisseurs pariant sur la hausse des cours du blé devaient garder à l'esprit que la demande mondiale reste faible pour la production américaine, "vu les prix inférieurs proposés par beaucoup d'autres vendeurs".

M. Nelson a souligné pour sa part que les spécialistes du maïs étaient moins tentés par la jachère. "La terre est tellement chère que les agriculteurs n'ont pas cette option dans le Midwest", zone où se concentre la culture du maïs, a-t-il dit.

- démarrage des semis -

Toutefois les experts de la maison de courtage Allendale ont soulevé quelques doutes sur la crédibilité de ces prévisions.

"Il y a déjà tout un choeur d'analystes qui assurent qu'on ne plantera pas tant de maïs que cela", affirmaient-ils.

M. Scoville a souligné que les inondations du mois dernier dans le sud du pays avaient déjà retardé les semis.

Les plantations de soja, plus sensibles aux risques de gelées tardives, doivent encore attendre plusieurs semaines.

Le marché agricole, évoluant de façon très technique depuis le début de l'hiver faute de nouvelles données fondamentales, devrait désormais être plus sensible aux aléas climatiques, et notamment aux rapports hebdomadaires de l'USDA sur la qualité des cultures, dont la publication doit reprendre lundi.

"Avec les prévisions indiquant que la météo de l'été pourrait poser des problèmes, nous pensons que les prix pourraient s'améliorer bientôt", ont noté les experts d'Allendale.

Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mai, le contrat le plus actif, s'échangeait en séance vendredi à 3,5075 dollars, contre 3,7000 dollars le 24 mars, à la veille du long week-end de Pâques.

Le boisseau de blé pour mai, également le plus actif, valait 4,7250 dollars contre 4,6300 dollars huit jours plus tôt.

Le boisseau de soja pour mai, là encore le plus échangé, coûtait 9,1150 dollars contre 9,1050 en fin de semaine dernière.

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