(Actualsié avec contexte, "no comment" de Société générale)

par Emily Flitter et Jamie McGeever

NEW YORK, 5 février (Reuters) - Les autorités financières de l'Etat de New York ont à leur tour ouvert une enquête sur des soupçons de manipulation des taux de change et ont demandé à plus d'une douzaine de banques de leur transmettre des documents sur leurs activités, a-t-on appris de source proche du dossier.

Parmi les établissements financiers concernés figurent la Société générale, Deutsche Bank, Goldman Sachs, Barclays, Credit Suisse, Lloyds , Standard Chartered et RBS, a précisé la source.

Contactée par Reuters, Société générale s'est refusée à faire le moindre commentaire.

Le surintendant des finances de l'Etat, Benjamin Lawsky, ajoute ainsi son nom à la liste déjà longue des autorités financières et judiciaires qui enquêtent sur les pratiques des banques sur le marché des changes.

Ces dernières cherchent à déterminer si des traders de certaines des plus grandes banques de la planète se sont entendus pour manipuler le marché des changes, sur lequel les volumes de transactions avoisinent chaque jour 5.300 milliards de dollars.

Depuis qu'une première enquête a été formellement ouverte en octobre, une vingtaine de courtiers spécialisés dans les changes ont été suspendus de leurs fonctions ou mis à pied.

Dans la journée, Deutsche Bank a ainsi annoncé le licenciement de trois cambistes. (voir )

Une autre source a dit mardi que Lloyds avait suspendu l'un de ses cambistes à l'issue d'une enquête interne sur une manipulation présumée des taux de change.

A mesure que l'enquête progresse, les actions de groupe contre les plus grandes banques de la planète se multiplient, les exposant au risque de devoir régler des milliards de dollars de dommages et intérêts.

LE RÔLE DES FORUMS DE DISCUSSION SUR INTERNET

La Financial Conduct Authority (FCA), l'organisme de tutelle du secteur financier britannique, a dit mardi que sa propre enquête se prolongerait sans doute jusqu'en 2015.

La FCA a précisé que les allégations qui ont mené à l'ouverture de son enquête sont "tout aussi graves" que celles qui avaient conduit à l'enquête sur les soupçons de manipulation du taux interbancaire Libor.

Le scandale de manipulation des taux interbancaires a déjà amené les autorités à mettre à l'amende quatre établissements - UBS, Rabobank, Barclays et RBS - pour un total de 2,7 milliards de dollars.

Les enquêtes en cours sur le marché des changes ont probablement contribué à faire baisser les volumes des échanges sur le marché des changes ces derniers mois.

Sur la plate-forme de transactions Thomson Reuters, le total des volumes "spot" quotidiens a reculé de 11,5% en décembre, à 92 milliards de dollars, au plus bas depuis que ce type de données a commencé à être comptabilisé il y a quatre ans environ.

Les cinq premières banques actives dans les échanges sur le marché des changes représentent quelque 50% du volume total et les 10 premières près de 80%.

Les enquêtes en cours se concentrent notamment sur des forums de discussion sur internet (chatrooms) portant des noms tels que "The Cartel", dans lesquelles des traders de plusieurs grandes institutions financières sont soupconnés d'avoir organisé la manipulation des taux de change.

Depuis la multiplication des enquêtes sur des taux de référence, plusieurs grandes banques envisagent d'interdire à leurs traders de participer à des "chatrooms". et (Marc Angrand et Benoît Van Overstraeten pour le service français)