LONDRES, 19 janvier (Reuters) - Accorder à la Chine le statut d'économie de marché menacerait la quasi-totalité des 330.000 emplois du secteur européen de la sidérurgie, quels que soient les mécanismes de sauvegarde mis en oeuvre par l'Union européenne, a déclaré mardi le directeur général d'Eurofer, la fédération européenne de l'acier.

Cet avertissement intervient au lendemain de l'annonce par Tata Steel de 1.050 suppressions de postes supplémentaires en Grande-Bretagne.

Même si un débat animé se poursuit sur le sujet, tous les indices disponibles suggèrent que l'Union finira par accorder à Pékin le statut d'économie de marché au terme de cette année. La Chine estime que cette reconnaissance lui est due, 15 ans après son entrée dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Or un tel statut rendrait plus difficile l'imposition de droits anti-dumping sur les produits chinois.

"Nous ne voyons aucun moyen de maintenir le même niveau de mesures de défense commerciales si la Chine obtient le statut d'économie de marché. La majeure partie du secteur de la sidérurgie de l'UE pourrait disparaître", a dit Axel Eggert, directeur général d'Eurofer, à Reuters.

La sidérurgie européenne a supprimé quelque 85.000 postes depuis 2008, soit plus de 20% de ses effectifs, en raison de la chute des prix provoquée par les surcapacités, de la baisse de la demande et de l'essor des importations à bas prix, principalement en provenance de Chine.

Bruxelles a promis de consulter le secteur avant de prendre une décision sur le statut de la Chine et prévoit de maintenir les droits existants ainsi que de relever les droits imposés sur les produits bénéficiant d'aides illégales.

La Chine produit à elle seule la moitié des 1,6 milliard de tonnes d'acier fabriquées chaque année dans le monde et souffre de surcapacités estimée à environ 400 millions de tonnes, plus de deux fois la production de l'UE. Ses exportations vers l'Union ont doublé sur les 18 derniers mois.

(Maytaal Angel; Marc Angrand pour le service français)